Quel impact pour vous ? - Entrevue avec le professeur Jean-Michel Cousineau et le fiscaliste Stéphane Leblanc.
Les partis d'opposition à l'Assemblée nationale ont accueilli avec beaucoup d'insatisfaction les mesures annoncées aujourd'hui par le ministre des Finances dans le cadre de la mise à jour économique.
Le porte-parole de l'opposition officielle en matière de finances, Nicolas Marceau, a énuméré un certain nombre de constats qui découlent de cet exercice, dont l'absence de perspectives de croissance, notamment en raison de la hausse des taxes et des impôts et des pertes d'emplois.
« C'est la première fois depuis longtemps que le ministre des Finances prévoit une baisse nette de l'emploi, soit une perte de 1600 emplois pour cette année, au lieu des 31 300 nouveaux emplois prévus. L'effet libéral est bel et bien négatif », a déclaré M. Marceau.
« Le gouvernement ne prévoit absolument rien pour la reprise de l'économie et la stimulation de la création d'emplois. Les hausses de taxes de 600 millions $ annoncées aujourd'hui, en plus de l'augmentation des tarifs des services de garde, devront compenser l'absence totale de croissance », fait-il remarquer.
« C'est précisément et exactement la chose à ne pas faire quand l'économie tourne au ralenti comme elle le fait en ce moment et c'est un très mauvais cadeau de Noël pour les familles québécoises. » — Nicolas Marceau, porte-parole du PQ en matière de finances
Le porte-parole péquiste constate qu' « après s'être attaqué aux familles en augmentant les tarifs des services de garde de 193 millions $, on augmente le fardeau fiscal des particuliers de 262 millions $. Les familles, les jeunes, les automobilistes, notamment, paieront pour la médiocre performance économique du gouvernement. »
Nicolas Marceau est d'autant plus déçu que, selon lui, la mise à jour économique de M. Leitao ne contient pas de mesures à même d'encourager la croissance économique. « Le gouvernement, dit-il, n'offre rien aux régions ni aux entrepreneurs pour stimuler la création d'emplois. La seule vision qu'il a, c'est l'austérité, une idée volée à la CAQ ».
Il a par ailleurs déploré que le gouvernement libéral « exagère » le montant du déficit, qui est de 2,8 milliards d'après lui, et non pas de 7 milliards, comme le soutient le ministre des Finances.
La CAQ au secours de la classe moyenne
Le chef de la CAQ, François Legault, a formulé presque les mêmes critiques à l'égard de l'exercice de M. Leitao, lui reprochant lui aussi de « gonfler » l'ampleur du déficit.
M. Legault a relevé également la perte de 1600 emplois cette année au Québec, concluant que les libéraux ont échoué dans leurs objectifs en la matière.
Il a souligné que c'est la classe moyenne qui aura à payer la moitié de la facture, qu'il estime à 1,4 milliard de dollars. Pourtant, le premier ministre avait promis à la classe moyenne qu'elle ne paierait que 10 %, a rappelé M. Legault.
Rappelant la hausse des frais de garderies et des taxes scolaires et municipales, entre autres, il a affirmé que « Philippe Couillard a deux visages », celui des promesses électorales et celui des actes.
« Je n'en reviens pas que Philippe Couillard choisisse - parce que c'est un choix qu'il fait - de pénaliser, de sacrifier la classe moyenne et de lui refiler 50 % de la facture. » — François Legault, chef de la CAQ
Le chef de la CAQ souligné la faible croissance de 1,9 % au Québec, alors la moyenne canadienne est de 2,5 %, a-t-il dit. C'est le signe, à ses yeux, que « l'écart de richesse va grandir en 2015 » et que le Québec va avoir besoin de plus de transferts fédéraux dans le cadre de la péréquation.
Et ce ne sont pas les quelques « mesurettes » annoncées aujourd'hui et totalisant de 177 millions de dollars qui vont relancer l'économie, analyse-t-il. Bien au contraire, le chef de la CAQ prédit une « mauvaise performance de la consommation », conséquence logique de la hausse des taxes et des pertes d'emplois.
M. Legault préconise plutôt une réduction des dépenses, comme dans le réseau de la santé. Selon lui, la réforme du ministre Barrette « joue avec les structures », au lieu de réduire la masse salariale, surtout dans les bureaux des hôpitaux. Il pense aussi qu'il est possible de faire des gains avec « l'attrition naturelle » dans la fonction publique.
Québec solidaire dénonce la manipulation des chiffres
Le député de Québec solidaire Amir Khadir a d'emblée dénoncé une « opération de manipulation des chiffres », avant de s'attaquer aux choix des libéraux.
Il pense que le gouvernement aurait dû taxer les grandes banques qui font d'énormes profits, au lieu d'accabler davantage la classe moyenne.
« Si les banques avaient besoin d'une raison pour diminuer ou contenir le salaire de leurs employés ou encore couper des postes, on leur donne un argument supplémentaire. » — Amir Khadir
Selon lui, ce sont les contribuables qui vont, en fin de compte, subir les conséquences de la décision de Québec de soumettre les distributeurs d'hydrocarbures aux règles concernant la Bourse du carbone. Il ne fait pas de doute, d'après lui, que ce sont les automobilistes qui vont subir une hausse du prix du litre d'essence.
Québec solidaire soupçonne le gouvernement libéral de vouloir imposer aux Québécois un état d' « austérité permanente » en épargnant les plus riches. « Je demande à M. Coiteux et à M. Leitao, elle est où la contribution des plus fortunés, des grandes entreprises, des banquiers et des financiers à l'exercice d'assainissement des finances publiques? », a lancé le député de Mercier.
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