Le DG du CHUM claque la porte et écorche le ministre Barrette au passage

Written By Unknown on Jumat, 06 Maret 2015 | 16.21

Le CHUM sans directeur général : reportage de Normand Grondin

Le directeur général du Centre hospitalier de l'Université de Montréal (CHUM) a démissionné de ses fonctions. Son départ a été annoncé lors d'une conférence de presse par le ministre de la Santé, Gaétan Barrette, que Jacques Turgeon accuse « d'abus de pouvoir et d'ingérence politique inacceptable ».

« C'est une démission qui est non sollicitée et qui est surprenante et, conséquemment, il n'y a pas de prime associée à ce départ », a précisé le ministre de la Santé.

Dans sa lettre de démission, l'ex-DG du CHUM, Jacques Turgeon, soutient que le ministre Barrette, lors d'une rencontre puis d'une conversation téléphonique en début de semaine, lui a promis de le reconduire dans ses fonctions à condition qu'il maintienne en poste le chef du département de chirurgie du CHUM, le Dr Patrick Harris.

Jacques Turgeon s'opposait à la reconduction du Dr Harris, qui occupe depuis des années ce poste, l'un des plus prestigieux et des mieux payés au Québec.

« De par mes convictions d'intégrité et d'honnêteté du respect des processus, et de mes valeurs face à l'intimidation et au harcèlement, je ne peux accepter votre imposition de condition et voir reconduire le mandat du Dr Harris. » — Lettre de Jacques Turgeon

Gaétan Barrette affirme de son côté qu'il n'a jamais posé une telle condition à M. Turgeon et qu'il avait simplement suggéré de le maintenir en poste jusqu'au déménagement du CHUM au 1000, rue Saint-Denis, soit le temps de la transition.

Entrevue avec le ministre Gaétan Barrette

Jacques Turgeon était en poste depuis le 29 mai 2014. Il avait succédé à Christian Paire, qui avait quitté son poste dans la controverse en décembre 2013.

Sa démission entre en vigueur immédiatement étant donné que M. Turgeon, qui le précise dans sa lettre de démission, n'avait pas de contrat d'embauche depuis plus de neuf mois, soit depuis son entrée en fonction.

Rappelons qu'en vertu de la loi 10, c'est le ministre, désormais, qui nomme le DG, et non plus le conseil d'administration de l'hôpital. Gaétan Barrette affirme d'ailleurs que Jacques Turgeon allait être reconduit dans ses fonctions. « Cette décision était prise », dit-il.

« Je pense qu'il a considéré que les conversations qu'on a eues étaient des conditions d'embauche mais ce n'était pas ça du tout. Il n'y a pas de condition selon lesquelles "tu fais ça sinon t'as pas la job". » — Le ministre de la Santé, Gaétan Barrette

« Pas un ami personnel »

Des sources de Radio-Canada affirment que Gaétan Barrette et le Dr Patrick Harris sont de grands amis.

Mais le ministre Barrette assure que le Dr Harris « n'est pas un ami personnel que je fréquente régulièrement ».

Démission sur fond de tensions

Dans sa lettre de démission au ministre, Jacques Turgeon a déploré le climat qui règne au CHUM.

« Vous avez clairement reconnu qu'il existe au département de chirurgie des éléments d'intimidation et de harcèlement importants. » — Jacques Turgeon, ex-directeur général démissionnaire du CHUM 

À ce sujet, Gaétan Barrette affirme que : « C'est une affaire interne et la plupart du temps, dans ces situations, il y a des docteurs qui se lancent des noms ».

Le ministre affirme que dans les reproches que se formulent les médecins, il y a « de l'intimidation, [des problèmes au niveau] de l'attitude et des tractations », et il précise que les tensions au sein du centre hospitalier n'ont pas causé d'inconvénients aux patients.

« Je l'ai rencontré lundi soir et nous avons eu une franche discussion sur les problèmes éprouvés par le CHUM », a expliqué le ministre Barrette.

« Je l'ai toujours dit, les médecins sont des êtres humains et ils ont parfois des comportements qui sont ceux de tout un chacun. Ils ne sont pas parfaits. » — Le ministre de la Santé, Gaétan Barrette

Un processus de nomination remis en question

Depuis l'été 2014, plusieurs médecins du CHUM appartenant à divers services et départements avaient interpellé le ministre Barrette, disant craindre que le processus de sélection d'un nouveau chef pour le département de chirurgie ne soit entaché de « partialité ».

Par conséquent, le CHUM a repris à zéro ce processus en formant un nouveau comité de sélection. Mais, le 16 février dernier, Gaétan Barrette affirme avoir reçu une nouvelle lettre contestant, encore une fois, la neutralité du nouveau comité.

Pour étayer ses dires, le cabinet du ministre Barrette a fait parvenir un certain nombre de lettres à Radio-Canada, dont des lettres d'appui au Dr Harris provenant de membres du département de chirurgie et d'anesthésie du CHUM.

D'autre part, une lettre datée du 16 février provenant d'adjoints médicaux des départements de chirurgie de l'Hôpital Notre-Dame et de l'Hôtel-Dieu mentionne que la composition du second comité « semble encore une fois ignorer le souhait de neutralité et de rectitude exprimé par plusieurs ».

« À ma grande surprise, explique Gaétan Barrette, Jacques Turgeon m'a appris qu'un candidat était manifestement quasiment choisi par la direction pour occuper le poste. Dans le contexte actuel de déménagement du CHUM et afin d'assurer la stabilité [...] j'ai suggéré à M. Turgeon de considérer de maintenir en poste les sept chefs de départements [ ce qui inclut le Dr Harris ] et de relancer le processus de nomination après le déménagement, c'est-à-dire en 2016, début 2017. »

La période de mises en candidature pour nommer le chef du département de chirurgie doit prendre fin le 27 mars.

La démission de Jacques Turgeon survient à un an de l'ouverture du nouvel hôpital. Jacques Turgeon donnera une conférence de presse en matinée vendredi en compagnie du président du conseil d'administration, Jean-Claude Deschênes.

Le premier d'une série?

Pour le député Éric Caire, porte-parole de la Coalition avenir Québec pour l'efficacité de l'administration publique, cette démission est peut-être la première d'une série.

« Le départ fracassant de M. Turgeon est-il le présage d'autres départs liés à de l'ingérence politique du ministre? Est-ce que les administrateurs du réseau de la santé qui ne sont pas d'accord avec le ministre ont encore le droit de parler? », se demande-t-il.

De son côté, la députée péquiste Diane Lamarre estime que le ministre Barrette a fait preuve d'ingérence et d'abus de pouvoir.

« Quand on est ministre, on ne peut pas s'ingérer dans ce genre de nomination qui relève du conseil d'administration de l'hôpital. Si le ministre commence à faire ça, on a 33 nouveaux CISSS [Conseils intégrés de santé et de services sociaux] qui vont arriver, on ne peut pas permettre ça », a estimé la porte-parole de l'opposition officielle en matière de santé et d'accessibilité aux soins en entrevue à l'émission 24/60.

Le porte-parole du Parti québécois en matière d'éthique et d'intégrité, Stéphane Bergeron, se demande également si de telles interventions du ministre se répèteront dans d'autres établissements de santé au Québec.

« On a vu qu'il n'a même pas hésité à bousculer la direction du plus important centre de santé au Québec. Qu'en est-il des plus petits? Est-ce qu'ils vont eux aussi subir la médecine du ministre Barrette? Je pense que ce n'est pas de bon augure pour la suite des choses. » — Stéphane Bergeron, député péquiste de Verchères

Un mariage de cultures difficile

Le ministre Barrette rappelle que le CHUM « c'est le regroupement de l'Hôtel-Dieu de Montréal, de l'Hôpital Notre-Dame et de l'Hôpital St-Luc ».

« L'Hôpital Notre-Dame va devenir un hôpital communautaire, explique-t-il. Donc, une partie du personnel et des médecins devront rester derrière et ne seront pas universitaires; ils ne seront pas dans le CHUM, qui sera désormais en un lieu, le 1000 Saint-Denis à Montréal. »

« C'est le mariage de trois cultures qui étaient en compétition et qui le sont encore », a déclaré le ministre de la Santé, qui est persuadé qu'une fois le déménagement fait et les professionnels dans le même établissement, cette compétition n'existera plus.

« Vous savez, un hôpital universitaire est à cheval entre les services à la population et la vie universitaire, il y a l'université qui est là-dedans, il y a les guerres de pouvoir, les carrières. On arrive dans le coeur de la transition, c'est-à-dire qui reste derrière et qui continue sa carrière dans le CHUM. En terme de réaménagement physique et de réaffectation de personnel, ça puisse mener à certaines compétitions. »


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