Les États-Unis et leurs alliés ont intensifié mercredi soir leurs frappes autour de la ville kurde de Kobané, dans le nord de la Syrie, après avoir admis que les bombardements aériens de la coalition ne suffiront pas à empêcher cette ville-clé de tomber entre les mains du groupe armé État islamique (EI).
Pour le moment, Kobané serait toujours sous le contrôle kurde, même si les djihadistes ont pu hisser leur drapeau à plusieurs endroits, selon le commandant central américain.
« Les frappes aériennes à elles seules ne vont pas y arriver, elles ne vont pas sauver la ville de Kobané. Nous le savons », a déclaré le porte-parole du Pentagone, le contre-amiral John Kirby, lors d'un point de presse.
« Nous avons tous besoin de nous préparer à la réalité que d'autres villes et villages et peut-être Kobané sera prise par l'EI. » — John Kirby, porte-parole du Pentagone
Les États-Unis forment des rebelles syriens modérés en Arabie Saoudite pour qu'ils interviennent au sol, mais cela pourrait prendre des mois.
Néanmoins, dans la journée, les frappes de la coalition ont forcé momentanément les djihadistes à battre en retraite dans l'est et le sud de la ville, pour une première fois depuis le début du siège de Kobané, il y a trois semaines. En soirée, l'EI avait semble-t-il repris son avance.
La prise de Kobané serait un gain majeur pour les terroristes de l'EI, qui pourraient ainsi contrôler tout le nord de la Syrie. Mais les Kurdes combattent avec ardeur pour préserver une des villes sur lesquelles ils comptent bâtir une éventuelle indépendance.
Ces dernières semaines, les affrontements entre djihadistes et les forces kurdes ont fait au moins 400 morts à Kobané. Près 200 000 résidents de la région ont dû fuir vers la Turquie.
Plus tôt, le secrétaire d'État américain, John Kerry, a déclaré que les États-Unis étaient profondément préoccupés pour les habitants de Kobané, mais qu'il fallait voir plus loin.
« Aussi horrible que ce soit d'observer en temps réel ce qui se passe à Kobané, il est important de garder à l'esprit l'objectif stratégique des États-Unis », qui est de priver l'EI de ses centres de commandement et de contrôle, les infrastructures pour mener des attaques, a-t-il affirmé.
« Nous essayons de les priver de la capacité de lancer (une telle offensive), pas seulement à Kobané, mais dans l'ensemble de la Syrie et de l'Irak. » — Le secrétaire d'État américain, John Kerry
Émeutes meurtrières en Turquie
Dans la Turquie voisine, l'inaction du gouvernement a provoqué d'importantes manifestations prokurdes, qui ont sombré dans la violence depuis mardi. Le dernier bilan fait état de 21 morts.
Un couvre-feu a été instauré dans cinq provinces à prédominance kurde du sud-est de la Turquie.
Les populations kurdes de Turquie et les dizaines de milliers de réfugiés kurdes syriens qui ont fui l'EI sont ulcérés par la passivité de la Turquie face à l'avancée des djihadistes dans le nord de la Syrie. Et ils ne sont pas les seuls. Les États-Unis se montrent de plus en plus impatients.
Un haut responsable américain cité par le New York Times a, sous le sceau de l'anonymat, fait état d'une « colère croissante contre la Turquie qui traîne les pieds pour empêcher un massacre à moins d'un kilomètre de sa frontière ».
« Ce n'est pas comme cela qu'un allié de l'OTAN est censé agir alors que l'enfer se déchaîne à un jet de pierre de sa frontière », a-t-il ajouté.
L'armée turque a positionné ses chars à la frontière avec la Syrie, mais Ankara refuse d'intervenir tant qu'elle n'aura pas l'engagement des États-Unis qu'ils viseront aussi le régime de Bachard Al-Assad.
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