Cet homme a survécu à un massacre de l’État islamique

Written By Unknown on Rabu, 15 Oktober 2014 | 16.21

Idris Bachar Silo n'a rien oublié du calvaire qu'il a subi aux mains du groupe armé État islamique (EI). Ni les jours sombres, ni les moindres détails du massacre des hommes de son village, auquel il a survécu.

Il avait d'abord cru sur parole les extrémistes armés quand ils sont entrés pour la première fois à Kojo, son village, en affirmant qu'ils ne lui feraient pas de mal.

Alors que les yézidis des villages voisins fuyaient vers une sécurité incertaine sur les hauteurs du mont Sinjar, les habitants de Kojo, eux, sont restés chez eux.

« Ils nous ont dit de leur donner nos armes et nous l'avons fait. Ils nous ont dit de rester chez nous, qu'on ne nous ferait pas de mal. » — Idris Bachar Silo

Refuser, se battre pour défendre le village : impensable, dit Idris avec un rire sarcastique.

« Quarante pays sont unis contre l'EI. Ils les combattent, mais n'arrivent pas à les défaire. Croyez-vous qu'un petit village puisse leur résister? » — Idris Bachar Silo

Les hommes d'un côté, les femmes de l'autre

Pendant quelques semaines, alors qu'ils poursuivaient leur avancée ailleurs en Irak et Syrie, les combattants extrémistes ont tenu parole. Mais au matin du 15 août, ils sont revenus au village avec une pelle mécanique.

Ils ont ordonné à tous les habitants, intrigués par la machinerie lourde, de se rassembler à l'école du village.

« Ils ont mis les hommes d'un côté et les femmes de l'autre. Nous étions environ 1000 personnes. » — Idris Bachar Silo

Puis un combattant de l'EI - un Kurde, selon Idris - s'est adressé au chef de Kojo. « Il a demandé : "Allez-vous vous convertir à l'islam ou pas?" Nous leur avons répondu que non, que nous préférions mourir avec notre religion que de nous convertir à l'islam. »

Ensuite, raconte Idris, le combattant a ordonné aux villageois de s'entasser dans leurs voitures, et ses acolytes du groupe armé les ont conduits à la pointe de leurs armes à l'orée de Kojo. Les hommes du village étaient sur le point de découvrir que la pelle mécanique avait servi à leur creuser une fosse commune.

Exécution de masse

« Ils nous ont conduits à quelque 300 mètres du village. Ceux qui étaient arrivés avant étaient alignés devant la fosse. Une trentaine de mètres nous séparaient du groupe. Ils nous ont ordonné de courir vite pour les rejoindre. Ils ont tiré sur nous. Deux hommes sont morts avant de rejoindre les autres », raconte Idris.

Le même sort cruel les attendait tous.

« Ils ont ouvert le feu avec quatre kalachnikovs. Ils nous ont tous tués en six minutes. Des balles m'ont atteint et je n'arrivais pas à contrôler le tremblement à cause des balles. Un combattant a dit deux ou trois fois à l'autre : "Il est toujours en vie, descends-le!" » — Idris Bachar Silo

Idris raconte que les bourreaux ont ensuite remonté la fosse, tirant de nouveau sur chaque corps pour achever les quelques survivants. Mais alors qu'ils approchaient d'Idris, la providence : le son des avions de chasse de la coalition a fait fuir les hommes. Idris dit en avoir profité pour se hisser hors de la fosse.

« Je suis resté dans le verger jusqu'à ce qu'il fasse noir. Je voulais me relever, mais je ne pouvais pas. Je voulais marcher, mais je ne pouvais pas. » — Idris Bachar Silo

Après un moment, il a assisté de nouveau, impuissant, à l'horreur quand les hommes de l'EI sont revenus. D'autres villageois étaient toujours en vie dans la fosse, gravement blessés.

« Ils levaient la main et demandaient de l'aide, mais la pelle mécanique a versé de la terre sur eux. Ils ont enterré les morts avec les vivants, ils les ont ensevelis sous la terre. Il y avait des enfants parmi eux, ils agitaient leurs mains, je le jure devant Dieu. » — Idris Bachar Silo

Idris a vu ses frères, un fils, ses oncles, ses cousins, des voisins, froidement assassinés.

À l'hôpital, entouré de djihadistes

Blessé, assoiffé, Idris s'est traîné jusqu'au village voisin, un village arabe où il croyait pouvoir compter sur l'aide de vieilles connaissances.

« Je leur ai dit : "Il fait nuit, je n'ai plus personne. Je suis votre voisin, si quelqu'un frappe à votre porte la nuit, vous devez lui offrir un abri. Donnez-moi un toit, une place où rester jusqu'au matin". Ils m'ont dit que c'était impossible. » — Idris Bachar Silo

Avant de l'abandonner à son sort aux limites du village, un des hommes lui a permis d'appeler un ami, lui aussi un arabe, habitant à une trentaine de kilomètres de là. Celui ne l'a pas laissé tombé. L'ami l'a recueilli pour l'emmener chez lui.

Mais l'état de santé d'Idris se détériorait rapidement. Il perdait beaucoup de sang et tremblait de froid, malgré la chaleur écrasante du mois d'août. L'ami a donc pris la décision de conduire Idris, terrorisé, dans un hôpital de Mossoul, pourtant un château fort du groupe armé État islamique.

« Je n'avais pas peur de mourir, mais j'avais peur qu'ils me tuent de façon barbare. On m'a emmené dans une salle d'examen pleine de combattants de l'EI. Les peshmerga les avaient attaqués près du barrage et je me suis retrouvé entouré par l'État islamique. » — Idris Bachar Silo

Fuir vers le Kurdistan

Après avoir côtoyé l'ennemi de trop près une fois de plus, Idris et son ami, son protecteur, se sont retrouvés en cavale entre l'Irak et la Syrie pour éviter d'être découverts.

Après 35 jours à fuir les regards curieux et les questions compromettantes, Idris ne souhaitait qu'une chose : rentrer au Kurdistan.

C'est une fois de plus l'ami arabe a pris les choses en mains. Bravant les barrages du groupe armé État islamique, il a conduit Idris jusqu'au point de passage qui sépare la zone contrôlée par l'EI de celle contrôlée par les peshmerga kurdes.

Comme des milliers d'Irakiens le font chaque jour, il s'est présenté aux peshmerga pour être interrogé, fouillé et ultimement accueilli dans la zone contrôlée par les Kurdes, en sécurité.

« Nous sommes embrassés et nous sommes dit au revoir. Il est reparti, et moi, je suis entré au Kurdistan », évoque-t-il au sujet de son ami.

Nuits sans sommeil

Idris est aujourd'hui de retour auprès des siens, d'autres yézidis hébergés par le Sheikh Daoud. Tous des hommes avec qui Idris partage la perte d'êtres chers. Mais Idris en tire bien peu de réconfort. Il affirme, l'air défiant, ne pas avoir versé une seule larme depuis qu'il a tout perdu à cause de la folie meurtrière de ceux qui affirment se battre au nom de Dieu.

Mais il ne dort pas, empêché par la douleur et l'angoisse de ne rien savoir de ce qui est arrivé à ses deux femmes et à ses enfants.

« Je ne sais pas ce qui leur est arrivé. Ont-ils été tués? Sont-ils en vie? Ont-ils été violés? J'y pense beaucoup. Les a-t-on jetés dans le lac? Les a-t-on enterrés vivants? Je ne sais pas, ils me manquent énormément. » — Idris Bachar Silo

Quant à l'ami qui lui a sauvé la vie, Idris Silo refuse de le nommer. À son tour de le protéger. Mais il lui reste éternellement reconnaisant.

« Je n'oublierai jamais ce qu'il a fait pour moi. Il m'a rendu service à moi et à tout mon peuple. Jamais il n'a laissé qui que ce soit m'approcher. » — Idris Bachar Silo

« La vie est longue et elle ne restera pas comme elle est maintenant. Nous nous reverrons un jour. Et s'il a besoin de moi, je serai toujours là pour lui », ajoute-t-il, lié à lui par cette tragédie.


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