Le reportage de Davide Gentile
Le président de la Fédération des travailleurs du Québec (FTQ), Michel Arsenault, a défendu la gouvernance du Fonds de solidarité FTQ devant la Commission des finances publiques de l'Assemblée nationale, mardi à Québec.
Dans un communiqué transmis avant le début des travaux de la commission, M. Arsenault a annoncé que le comité exécutif du Fonds de solidarité recommanderait la formation d'un comité spécial sur la gouvernance du Fonds, lors de la prochaine rencontre du conseil d'administration.
Le communiqué explique aussi que les conseils sectoriels, qui autorisent les investissements du Fonds avant que le dossier soit soumis au conseil d'administration, sont « composés d'une majorité de membres indépendants à la fois de la FTQ et du Fonds ».
En début de témoignage, Michel Arsenault a notamment affirmé qu'il n'existait pas de voie rapide pour que les dossiers provenant de la FTQ se retrouvent directement au C. A.
M. Arsenault, accompagné pour l'occasion du PDG du Fonds, Yvon Bolduc, a ajouté que les allégations entendues à la commission Charbonneau étaient « un film de 2008-2009 ».
Le président de la FTQ a dû répondre à des questions du député libéral Guy Ouellette qui lui demandait qui avait organisé des rencontres au club privé 357c entre lui et Pauline Marois, en 2008 et 2009, à l'époque où elle était chef de l'opposition officielle et où le Fonds de solidarité FTQ avait investi dans l'entreprise que dirigeait son mari, Claude Blanchet. Mme Marois s'est défendue d'avoir parlé de tels dossiers avec M. Arsenault.
Michel Arsenault a répondu mardi que c'était dans son rôle de président du Fonds de solidarité de rencontrer les politiciens, précisant qu'il avait rencontré le député Ouellette lui-même en compagnie de l'ex-ministre Tony Tomassi, dans un hôtel à Québec.
Au terme de son témoignage, Michel Arsenault a tenu un point de presse dans les corridors de l'Assemblée nationale et s'est montré plutôt agressif envers les journalistes qui l'interrogeaient sur la « gangrène », sous-entendant des enregistrements d'une conversation de mars 2009 permettant d'entendre un conseiller employer ce mot pour commenter des liens entre la FTQ et la mafia. M. Arsenault avait alors répliqué qu'il n'était pas responsable de cette situation.
Pressé de dire mardi s'il avait fermé les yeux sur ces liens, M. Arsenault a d'abord limité ses réponses au cas de Carboneutre, une entreprise dans laquelle le Fonds n'a pas investi. « L'histoire de la gangrène, c'était sur Carboneutre, et nous ne l'avons pas fait. » « Il n'y a pas de gangrène à la FTQ non plus, arrêtez donc de charrier. La FTQ, c'est une centrale syndicale respectable », s'est exclamé le président de la FTQ en colère.
Cette audience des dirigeants du Fonds de solidarité de la FTQ devant la commission parlementaire des finances publiques était réclamée à grands cris par les députés de la Coalition avenir Québec, à la suite de révélations à la commission Charbonneau sur de présumés liens entre les dirigeants de la FTQ et le crime organisé.
Le gouvernement Marois a accepté à la mi-octobre de convoquer Michel Arsenault et Yvon Bolduc en commission parlementaire, mais en précisant que des balises seraient posées pour éviter que l'audition ne se transforme en « commission Charbonneau ».
Le Fonds de solidarité de la FTQ, créé en 1983 par une loi de l'Assemblée nationale du Québec, à l'initiative de la FTQ, est le premier fonds de travailleurs du Québec. Il est une société de capital de développement dont la mission est d'investir dans les entreprises de l'ensemble des secteurs d'activité de l'économie québécoise pour contribuer à la croissance économique de la province en créant et en sauvegardant des emplois. Il « fait pratiquement le travail d'un ministère du Développement économique au Québec », comme l'explique le journaliste Gérald Fillion.
Aujourd'hui, il compte plus de 615 000 actionnaires-épargnants et son actif est composé de 9,3 milliards de dollars d'épargne de travailleurs québécois. Même si le fonds de travailleurs utilise surtout les structures syndicales pour distribuer ses produits, le grand public peut également contribuer, notamment en investissant dans un REER.
Au lendemain de l'annonce de son départ
Michel Arsenault a annoncé publiquement lundi qu'il ne sollicitera pas un nouveau mandat à la présidence de la FTQ lors du congrès du syndicat à la fin novembre.
Le président de la plus grande centrale syndicale au Québec, âgé de 63 ans, a évoqué son désir de prendre sa retraite et d'en finir avec la pression médiatique que subissent les membres de sa famille depuis plusieurs mois.
Qui plus est, son leadership était de plus en plus contesté dans certains syndicats affiliés à la FTQ en raison des révélations entendues à la commission Charbonneau sur la proximité de certains ex-dirigeants de la FTQ avec le crime organisé.
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La commission Charbonneau est un «film de 2008-2009», selon Arsenault
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