Commission Charbonneau - «Ce document est une fausseté» - Frank Zampino

Written By Unknown on Kamis, 18 April 2013 | 16.20

Frank Zampino a attaqué le travail de la commission Charbonneau, mercredi après-midi, en contestant la valeur du registre téléphonique qui recense les appels entre son ami Bernard Trépanier et lui. L'ex-président du comité exécutif de la Ville de Montréal soutient qu'ils se sont parlés environ 200 fois, et non pas quelque 1800 fois, comme le présente le document, qui avait déjà été rendu public une première fois par la commission le 27 mars dernier.

Un texte de François Messier et Bernard Leduc

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« Dire qu'il m'a appelé 1800 fois est foncièrement malhonnête. [....] Ce tableau est complètement erroné et ça représente selon moi une fausseté pleine et entière » — Frank Zampino

Frank Zampino ne conteste cependant pas qu'il est proche de Bernard Trépanier, qui a participé bénévolement à toutes les campagnes électorales qu'il a faites à Saint-Léonard depuis 1986. L'ex-solliciteur d'Union Montréal, a-t-il dit, « était proche de moi. Il était un ami à moi ».

M. Zampino a avancé plusieurs arguments à l'appui de sa thèse. Il a notamment argué que sur les 1060 appels qui auraient été faits à son bureau à l'hôtel de ville, selon le registre, pas plus d'une trentaine lui ont été acheminés.

Bernard Trépanier, a-t-il fait valoir, parlait très souvent à son adjointe, Martine Bourgault, ainsi qu'à d'autres personnes qui gravitaient dans son entourage, dont Sammy Forcillo, Hugo Morrissette, Richard Caron et Marie-Andrée Biron.

Il note d'ailleurs que seuls trois des appels de M. Trépanier à son bureau - le numéro qui se termine par 4138 - ont été retournés. Qui plus est, 75 % des appels faits au numéro se terminant par 4574 durent à peine quelques secondes, ce qui prouve selon lui que Trépanier se heurtait à une boîte vocale. 

Il a aussi soutenu que des appels avaient été faits alors qu'il était en vacances, et que plusieurs autres avaient eu lieu alors qu'il était dans des réunions. Dans de telles situations, a-t-il dit, son adjointe avait l'ordre formel de ne le déranger que si les appels venaient de membres proches de sa famille ou du maire Gérald Tremblay.

Il s'est d'ailleurs plaint de ne pas avoir accès à l'agenda électronique qui recensait ses activités à la Ville de Montréal. S'il l'avait, a-t-il assuré, il pourrait démontrer « noir sur blanc » que le relevé est inexact.

La procureure Lebel a demandé au témoin pourquoi Bernard Trépanier n'avait pas mentionné cela lors de son témoignage. Le témoin a répondu du tac au tac qu'il avait entendu Trépanier mentionné cela mardi, ce qui est exact.

Sonia Lebel lui a alors demandé s'il avait parlé à Bernard Trépanier pour préparer son témoignage. Frank Zampino lui a alors rappelé que cela lui est formellement interdit par le personnel, puisque tous deux sont accusés dans le scandale immobilier du Faubourg Contrecoeur. 

La procureure a alors enchaîné avec d'autres questions. 

Zampino avait préparé sa sortie

Tout cet échange avait commencé lorsque Frank Zampino avait voulu sortir des documents pour répondre aux questions de la procureure sur le registre téléphonique. Me Lebel s'était objecté sur-le-champ, en arguant que les règles de procédure de la commission l'obligent à transmettre tout document aux procureurs.

L'avocat de M. Zampino, Me Claude-Armand Sheppard, s'est alors levé pour plaider la cause de son client, ce qui a donné lieu à un long échange avec la procureure et la commissaire France Charbonneau. 

Me Lebel a souligné que le témoin aurait pu transmettre ces renseignements plus tôt, mais Frank Zampino a répliqué que son document n'était prêt que depuis mardi soir. Son avocat a ajouté que M. Zampino ne l'a pas transmis à la commission sur les conseils de ses procureurs. 

La procureure Lebel a d'ailleurs noté que l'ex-président du comité exécutif de la Ville est défendu par pas moins de trois avocats, soit deux qui sont assis près de lui, et un autre qui se fait discret dans le fond de la salle. 

Tout l'échange sur le registre téléphonique a visiblement déplu à la commissaire Charbonneau. À la fin de la séance, elle a fait répéter à Frank Zampino qu'il croyait avoir avoir parlé 200 fois plutôt que 1800. Le témoin n'a pas cependant eu le temps de compléter sa phrase que la commissaire a lancé : « Merci. À demain » et a quitté prestement la salle d'audiences.

Sur le financement d'Union Montréal

Après l'échange sur le registre téléphonique, la procureure Lebel s'est intéressé aux activités de financement d'Union Montréal, particulièrement à Saint-Léonard. « Je n'avais aucun rôle à jouer dans le financement pour St-Léonard. Il y a des gens qui s'en occupaient », a-t-il répondu, en évoquant notamment le travail de Bernard Trépanier.

Frank Zampino a admis que le financement fonctionnait si bien dans son arrondissement que le parti lui demandait régulièrement un effort de financement supplémentaire, au grand mécontentement des conseillers de l'arrondissement. L'argent amassé en surplus, a dit Frank Zampino, permettait de financer la caisse électorale des arrondissements où Union Montréal n'avait pas d'élus. 

La procureure Lebel l'a ensuite interrogé sur le cocktail organisé annuellement au Rizz de Saint-Léonard pour le maire Gérald Tremblay. Frank Zampino a convenu qu'on pouvait y voir différents entrepreneurs, mais a dit ne voir rien d'anormal dans ce phénomène. « Écoutez. C'était du réseautage. Ils voulaient être présents. Ils voulaient peut-être se faire voir », a-t-il noté.

Frank Zampino a aussi révélé qu'il voyait parfois des gens qui n'étaient pas de la ville dans ces évènements, même si seuls des résidents de Montréal peuvent financer un parti montréalais. Il a souligné que les billets devaient effectivement être vendus à des Montréalais, mais que rien n'empêchait quelqu'un d'autre de venir à l'activité. Les fournisseurs de la Ville, a-t-il dit, pouvait y trouver un intérêt. 

Il a alors expliqué qu'à son avis, de nombreuses personnes sont intéressées à participer à ces activités afin d'entrer en contact avec des élus pour avoir une porte d'entrée à la Ville en cas de problème. Il a dit qu'il n'y avait là rien de répréhensible, puisque les élus doivent être à l'écoute des doléances des fournisseurs et des citoyens. Il a cependant nié que cela avait un lien avec l'octroi de contrats. 

« Le président du comité exécutif n'a aucune autorité opérationnelle et fonctionnelle dans l'octroi des contrats. » — Frank Zampino

Pas de système bicéphale à Montréal

L'ancien directeur général de la Ville de Montréal avait décrit l'administration Tremblay-Zampino comme bicéphale : le maire s'occupait essentiellement des grandes orientations, tandis que le président du comité exécutif était le patron de la fonction publique.

Claude Léger a expliqué dans son témoignage qu'à l'époque de son entrée en fonction en 2006, la phrase qui revenait souvent dans la bouche du maire était : « Monsieur Léger, moi je m'occupe du quoi, puis pour le comment allez voir monsieur Zampino ». Il présente d'ailleurs, dans son témoignage, M. Zampino comme son patron, son supérieur immédiat.

Mais Frank Zampino rejette cette interprétation.

« Il n'y a pas d'existence de système bicéphale à la Ville de Montréal. » — Frank Zampino

« C'est le maire et le comité exécutif qui étaient responsables des grandes orientations et c'était la fonction publique qui avait la responsabilité de la gestion opérationnelle et quotidienne de porter de l'avant ces orientations qui étaient [celles] de l'administration », a dit l'ex-président du comité exécutif.

« Le président du comité exécutif n'entraîne aucune responsabilité dans la gestion quotidienne et opérationnelle d'une ville. [...] Croire le contraire, ce serait confondre la responsabilité structurelle et politique qui incombe à un élu [et la] responsabilité opérationnelle et fonctionnelle qui incombe à un administrateur public ou un fonctionnaire. »

À l'appui de son explication, Frank Zampino a évoqué l'article 1.2 du contrat de travail de Claude Léger, qui souligne clairement, selon lui, que le directeur général était « le le fonctionnaire qui a la responsabilité du contrôle, de la planification, de la gestion de la Ville de Montréal et de l'ensemble de ses employés. »

« Quand M. Léger dit à la commission qu'il relève du président du comité exécutif, ce qu'il omet de mentionner, c'est que dans le même article 1.2 de son contrat qu'il a signé en juillet 2006, on indique clairement qu'il est sous l'autorité du maire, du comité exécutif et du conseil municipal. Alors il ne relève aucunement du président du comité exécutif. »

Une autre divergence de faits Léger-Zampino

M. Zampino admet que l'ex-vice-président de Dessau, Rosaire Sauriol, l'a appelé au printemps 2006 pour l'inviter à une rencontre avec Claude Léger qui a eu lieu au club St-Denis. Son interpération des faits diffère cependant là aussi de celle livrée par M. Léger lors de son témoignage.

L'ex-président du comité exécutif soutient avoir compris que c'est Claude Léger qui avait contacté Rosaire Sauriol. Il n'a cependant pas été en mesure de dire si c'est ce dernier qui avait demandé la rencontre, ou si c'est M. Sauriol qui avait proposé à Claude Léger de l'organiser.

Chose certaine, M. Zampino soutient ne pas avoir vu de problème à cette rencontre avec l'un ou l'autre des deux hommes puisqu'il n'aurait alors passé aucune information privilégiée. M. Léger, dit-il, voulait connaître les enjeux montréalais.

Il soutient d'ailleurs que cette rencontre d'une heure n'a joué aucun rôle dans son embauche ultérieure et nie que M. Sauriol ait agi pour lui comme chasseur de têtes dans ce dossier. Il a cependant admis que Sauriol avait payé pour tout le monde, puisque seuls les membres du club St-Denis ont le droit de payer.

Claude Léger avait plutôt déclaré que c'est Rosaire Sauriol qui l'avait appelé pour l'inviter à cette rencontre. « Si je n'étais pas allé, c'est sûr que je ne serais pas devenu directeur général de Montréal », avait-il laissé affirmé.

Zampino introduit à la politique par Michel Bissonnet

La procureure en chef de la commission, Sonia Lebel, avait précédemment interrogé Frank Zampino sur ses débuts en politique. Comptable de formation, M. Zampino dit avoir été introduit en politique municipale à St-Léonard en 1986 par Michel Bissonnet, alors député libéral, mais aussi ancien maire de cette ville. Il explique que son entrée en politique est « un pur hasard ».

C'est alors qu'il a connu Bernard Trépanier qui a travaillé dans l'équipe qui a organisé son élection comme conseiller dans l'équipe du maire Raymond Renaud. Mais c'est Claude Dumont qui était l'organisateur en chef du parti. Aucune rumeur d'élections clé en main n'entourait ce dernier, précise-t-il.

Frank Zampino dit avoir été élu maire de St-Léonard à la suite d'une scission au sein du parti. C'est ce même M. Dumont qui s'est occupé de l'organisation de la campagne qui le portera à la tête de la ville en 1990. M. Dumont jouera aussi un rôle dans le financement de cette élection, mais M. Zampino lui-même dit ne pas avoir été impliqué dans cet aspect des choses. Il sera par la suite réélu en 1994 et en 1998, année où il accède à la tête de la STCUM, ancêtre de la STM.

M. Zampino soutient par ailleurs ne connaître la réalité des élections clé en main que par les journaux et que cela n'a donc pas eu lieu à St-Léonard.

« J'ai fait de la politique pendant 22 ans. [...] Si votre question est de savoir si moi je suis au courant de l'existence d'élections clés en main, la réponse est non. » — Frank Zampino

La procureure Lebel a par ailleurs établi un peu plus tard que Frank Zampino avait eu des liens d'affaires avec Jean Di Zazzo, qui a été maire de Saint-Léonard de 1974 à 1978. Les deux hommes ont déjà acheté un terrain Saint-Léonard dans le but d'y faire du développement résidentiel, mais l'affaire n'a pas abouti.

La procureure a alors souligné que Jean Di Zazzo avait été accusé de corruption en 1977, parce qu'il était soupçonné d'avoir accepté des pots-de-vin d'entrepreneurs. Il a éventuellement été blanchi en 1980. « Je l'ignore complètement. Vous m'apprenez quelque chose », a répondu Frank Zampino.

Recruté par le maire Tremblay

Frank Zampino a aussi expliqué que c'est Gérald Tremblay qui l'a recruté vers janvier 2001 pour se joindre à l'équipe qu'il formait en vue des élections municipales.

Il a été nommé président du comité exécutif de la Ville de Montréal dès l'arrivée au pouvoir d'Union Montréal dans la foulée des élections de l'automne 2001. La désignation de M. Zampino à ce poste s'était cependant faite bien avant les élections, ce qui était inhabituel, a-t-il reconnu. Frank Zampino a finalement occupé ce poste jusqu'à sa démission, en mai 2008.

Frank Zampino a dit être fier des sept budgets qu'il a présentés en tant que président du comité exécutif et de son héritage, notamment d'avoir obtenu pour la Ville sa meilleurs cote de crédit auprès des agences de notation.


Pour en savoir plus sur Frank Zampino lire notre texte : Retour sur les allégations sur Frank Zampino, « l'homme le plus puissant de Montréal  ».

Vous pouvez aussi lire : Qui savait quoi? La collusion en 17 citations et « Un jour, justice sera rendue », un bilan de l'administration Tremblay-Zampino


Le DPCP obtient de la commission une ordonnance de non-publication préventive sur la partie du témoignage de Zampino sur le Faubourg Contrecoeur.


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