Durant sa longue carrière, Jean-Claude Turcotte prône un discours d'ouverture, se disant partisan d'une Église qui s'adapte au monde moderne. Et cet homme affable et bon communicateur accepte volontiers de s'exprimer sur toutes les tribunes.
« Quel que soit celui qui est à la tête de l'Église, l'Église va varier parce que l'Église essaie de s'adapter à des situations dans un monde qui change. » — Jean-Claude Turcotte
Toutefois, le cardinal reste fidèle aux positions de l'Église sur les questions fondamentales, notamment en ce qui a trait à l'ordination des femmes. Le cardinal Turcotte a un regard critique sur le rôle de l'Église dans l'histoire du Québec.
« On a eu un destin un peu tragique ici au Québec, et le clergé a été amené par la force des circonstances à assumer des tâches qui ne relevaient ni de sa compétence, ni même de sa juridiction finalement. Ça a pris du temps avant que le gouvernement prenne en main ses responsabilités. » — Jean-Claude Turcotte
Cardinal Turcotte : ses positions au fil des ans
En 2007, lors du débat sur les accommodements raisonnables qui enflamme le Québec, le cardinal Turcotte tente de calmer le jeu. Il se demande si les accommodements posent autant de problèmes qu'on le dit. Il trouve exagérée la position de ceux, par exemple, qui proposent d'enlever la croix du mont Royal. Il s'agit d'un symbole, dit-il, comme il y en a tant à Paris, à Rome ou en Afrique.
Dans un coup d'éclat, en 2008, il remet sa médaille de l'Ordre du Canada pour protester contre le fait que la même décoration avait été offerte au Dr Henry Morgentaler, grand défenseur du droit à l'avortement au Canada.
En 2010, il commente pour la première fois les scandales de pédophilie qui secouent l'Église catholique.
« C'est inacceptable, inexcusable, et on ne peut que demander pardon aux victimes qui ont subi ces choses-là et peut-être pour les cachettes qui ont été faites dans le passé. » — Jean-Claude Turcotte
Par contre, dans le dossier des orphelins de Duplessis, il défend fermement la position de l'Église : pas d'excuses ni de compensations financières.
Vocation : éducateur
Jean-Claude Turcotte est né le 26 juin 1936 dans le quartier Centre-Sud, à Montréal. Il est le deuxième d'une famille de sept enfants. Vers l'âge de 15 ans, il travaille comme moniteur auprès d'enfants défavorisés à la colonie de vacances des Grèves de Contrecoeur. C'est à cette époque que sa vocation se précise.
« C'est probablement là que j'ai découvert que je pouvais être un vrai éducateur. Pour moi, être éducateur, ce n'est pas de montrer les choses, c'est de permettre à d'autres de réaliser les richesses qu'ils ont en eux. » — Jean-Claude Turcotte
Il fait ensuite ses études classiques au collège André Grasset, toujours dans la métropole, et il obtient une licence en théologie au Grand Séminaire de Montréal. Ordonné prêtre en 1959, il fait ses débuts dans le monde ouvrier. Il occupe plusieurs fonctions au diocèse de Montréal, et il est nommé auxiliaire de l'archevêque de la ville en avril 1982.
En mars 1990, il devient archevêque de Montréal. Il occupera ce poste pendant 19 ans. En 1994, il est fait cardinal par le pape Jean-Paul II.
Quelques mois après sa nomination, l'archevêque brise la tradition en célébrant la messe de Noël avec les sans-abri à la Maison du Père.
Avant de prendre sa retraite à 75 ans, le cardinal participe à deux conclaves :
- celui de 2005, qui a mené à l'élection du pape Benoît XVI
- celui de 2013, qui a élu le pape François.
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