Vague de sympathie pour le père du pilote jordanien exécuté par l'EI

Written By Unknown on Rabu, 11 Februari 2015 | 16.21

Safi Al-Kassasbeh (à gauche avec le keffieh), le père du pilote jordanien brûlé par l'EI, embrasse un visiteur venu lui présenter ses condoléances. Photo : Marie-Eve Bédard/Radio-Canada

L'exécution du pilote jordanien par le groupe armé État islamique a provoqué colère et désir de vengeance au sein de la population du royaume, mais a aussi soulevé un mouvement de sympathie pour son père. Radio-Canada est allée le rencontrer dans son village du centre du pays.

Safi Al-Kassasbeh est un homme brisé, épuisé. Pourtant, il se donne la peine de se lever pour accueillir et embrasser chacune des délégations qui lui rend visite sans interruption depuis mercredi dernier.

« Je n'ai pas dormi depuis 47 jours », précise-t-il.

D'anciens premiers ministres, des cheikhs, des rois en passant par de simples citoyens qui viennent en groupe par autobus nolisés, tous veulent lui présenter leurs condoléances depuis l'annonce de la mort atroce de son fils, le pilote Moaz Al-Kassasbeh, aux mains du groupe armé État islamique.

C'est comme si la foudre avait frappé nos coeurs

Le village d'A'y, dans la région montagneuse de Karak, au sud d'Amman, est devenu l'épicentre de la douleur et de la colère des Jordaniens.

Selon la tradition, le rituel funèbre dure trois jours. Ici, la famille accueillera ces marques de respect pendant un mois.

Telle est l'ampleur du courant de sympathie provoqué par la mort de celui qui est devenu le fils de tout un pays.

Le village d'A'y, au sud d'Amman. Photo : Sylvain Castonguay/Radio-Canada

Safi Al-Kassasbeh a du mal à garder les yeux ouverts pendant notre entretien, mais il ne veut rater aucune occasion d'honorer la mémoire de son fils brûlé vif.

« Ça a été terrible pour nous, très, très pénible. C'est comme si la foudre avait frappé nos coeurs. Ça nous a rendus tristes, mais aussi, ça nous a fait exploser de rage. » — Safi Al-Kassasbeh, père du pilote jordanien Moaz Al-Kassasbeh, brûlé vif par l'État islamique

Une rage qui le consume encore et une promesse du roi de Jordanie de venger son fils par tous les moyens qui le console, voilà ce qui lui permet de tenir le coup. Tout comme la solidarité de toute une nation.

Le lieutenant Moaz Al-Kassasbeh est devenu un héros.

À Amman, le drapeau qui domine l'horizon flotte toujours, en berne. Le visage du pilote est apposé sur les mosquées, orne les chandails d'adolescents.

De jeunes Jordaniens qui appuient le roi Abdallah dans sa volonté d'éradiquer le groupe armé État islamique. Photo : Sylvain Castonguay/Radio-Canada

Dans un quartier modeste où, lors d'un certain printemps arabe, des jeunes ont fait craindre au roi Abdallah qu'il allait lui aussi goûter à une médecine populaire qui réclamait du changement dans le monde arabe, ces mêmes jeunes font aujourd'hui l'apologie de leur dirigeant.

« Regardez Obama! Ils ont tué plein d'Américains et il n'a rien fait. Pour un seul de ses citoyens, le roi Abdallah va anéantir Daesh [l'EI]. » — Mohammed Saed, jeune Jordanien

Tous ne considèrent pas l'EI comme un groupe terroriste

Mais cette fièvre nationaliste occulte une réalité qui ne s'est pas envolée avec les cendres du jeune pilote.

Un sondage mené avant son assassinat révélait que seulement 59 % des Jordaniens croient que l'EI est une organisation terroriste. Si ce chiffre ne tient sans doute plus aujourd'hui, tout le monde n'a pas changé d'avis.

Le cheikh salafiste Abou Sayyaf est un de ceux-là. Il a lui-même envoyé de jeunes disciples se battre en Syrie, surtout dans les rangs de Jabhat Al-Nosra, la filière d'Al-Qaïda. Nous l'avons rencontré dans un lieu qu'il tenait à garder secret dans un quartier aisé d'Amman, à la condition que nous ne soyons pas filmés ensemble, lui, le prédicateur, moi, la femme étrangère.

Le cheikh salafiste Abou Sayyaf. Photo : Sylvain Castonguay/Radio-Canada

Abou Sayyaf refuse de condamner le groupe armé État islamique, se contentant de souligner que ses membres commettent des erreurs.

« Bien sûr qu'ils représentent l'islam, il n'y a pas de doute. Ils font beaucoup d'erreurs, mais ils font toujours partie de l'islam. On ne les voit pas comme des infidèles, par la volonté de Dieu. Je ne veux pas dire s'ils sont terroristes ou pas, mais dans le saint Coran, Dieu ordonne de terroriser ses ennemis. Vous ne parlez jamais de ça. Vous dites qu'ils sont des terroristes. Pour moi, l'État islamique, ce sont des musulmans qui ont fait beaucoup d'erreurs. Mais sont-ils des terroristes? Je ne le crois pas. »

Pour lui, cette guerre contre l'EI ne sera jamais l'affaire de la Jordanie.

« Je suis contre cette coalition, contre les bombardements de Raqqa et de la Syrie. Ils sont censés frapper l'armée ou l'État islamique, mais ils tuent des enfants, des mères, des femmes, des vieillards. » — Le cheikh salafiste Abou Sayyaf

Ce serait une erreur de sous-estimer les sympathies profondes de certains Jordaniens pour l'idéologie du groupe armé État islamique, croit Hassan Abou Hanyeh, un chercheur sur les mouvements djihadistes.

« L'unité nationale actuelle est temporaire. Très vite, ça va passer. Les gens vont recommencer à se demander ce que l'on fait dans ce conflit, pourquoi la Jordanie fait partie de cette coalition. »

Hassan Abou Hanyeh est lui-même un ancien idéologue du djihad. Il a été proche de Abou Moussab Al-Zarqaoui, le fondateur jordanien d'Al-Qaïda en Irak, l'ancêtre de l'EI.

« Le groupe armé État islamique est encore très attirant pour les jeunes Jordaniens. La vidéo de Moaz n'y change rien, au contraire. Pour eux, ils y démontrent leur puissance et c'est ce qu'ils cherchent. » — Hassan Abou Hanyeh, chercheur sur les mouvements djihadistes

« Et la prise de position des autorités ici va pousser encore plus d'entre eux à aller se battre en Syrie et créer des divisions profondes ici. Nous avons en Jordanie environ 8000 djihadistes, selon mes estimations, et environ 2000 qui se battent au sein de différents groupes en Syrie », explique Hassan Abou Hanyeh.

L'image du pilote est omniprésente en Jordanie. Photo : Marie-Eve Bédard/Radio-Canada

Dans le village d'A'y, Safi Al-Kassasbeh espère plutôt que les jeunes de son pays seront inspirés par l'exemple de son fils et deviendront pilote de chasse pour anéantir le groupe armé État islamique. L'un de ceux-là est son plus jeune fils, Youssef, 16 ans.

« Même si ça prend du temps, il faut que l'on persiste. Il faut bien se préparer pour envahir les positions de l'État islamique, peu importe où il se trouve. Il faut y aller avec des chars, en bombardant, avec des troupes au sol. Si la coalition faisait ça, l'EI ne durerait pas une semaine. » — Safi Al-Kassasbeh, père du pilote jordanien Moaz Al-Kassasbeh, brûlé vif par l'État islamique

La prière d'un père qui se dit prêt à sacrifier un autre fils pour être exaucé.


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