Le deuxième otage japonais aurait été décapité

Le récit d'Anne Levasseur

Le groupe armé État islamique (EI) a diffusé une vidéo qui montrerait la décapitation de l'otage japonais Kenji Goto, le deuxième à être exécuté par les djihadistes en une semaine.

Le Japon et les États-Unis tentent d'authentifier la vidéo diffusée sur Twitter par l'organe médiatique de groupes djihadistes Al-Furqan. Mais selon le ministre de la Défense japonais Gen Nakatani, la vidéo semble authentique. Gen Nakatani a indiqué que la police de Tokyo avait déclaré lors d'une réunion des ministres du gouvernement japonais que la vidéo avait « un degré élevé de crédibilité ».

Le premier ministre japonais Shinzo Abe a condamné la présumée exécution de Kenji Goto et affirmé que Tokyo ne céderait pas face au terrorisme. « C'est un acte de terrorisme ignoble contre lequel je suis très en colère », a ajouté Shinzo Abe. Même s'il n'a pas soufflé mot sur les vérifications en cours, le premier ministre a réagi comme si la vidéo était authentique. Il a présenté ses regrets à la famille du journaliste et a déploré que tous les efforts du gouvernement n'aient pas réussis à le sauver.

La vidéo montrerait le journaliste japonais en tenue orange, à genoux, avec, à côté de lui, un homme masqué habillé tout en noir, tenant un couteau à la main.

L'homme cagoulé de la vidéo aurait le même accent anglais que celui qui était apparu sur d'autres vidéos de décapitation d'otages l'an dernier, s'adresse au premier ministre japonais.

Aucune nouvelle du pilote jordanien

Il n'est pas fait mention dans l'enregistrement vidéo d'environ une minute du sort du pilote jordanien Mouath al Kassaesbeh capturé par l'EI, en décembre dernier, dans le nord-est de la Syrie, après l'accident de son avion.

Dans un message audio diffusé cette semaine et attribué à Kenji Goto, ce dernier déclarait que le pilote jordanien serait exécuté si Amman ne libérait pas Sadjida al Richaoui, une Irakienne emprisonnée pour son rôle dans l'attentat-suicide qui a fait 60 morts en 2005 dans la capitale jordanienne.

Correspondant de guerre chevronné de 47 ans, Kenji Goto avait été capturé en octobre dernier en Syrie où il s'était rendu pour tenter d'obtenir la libération d'un autre otage japonais, Haruna Yukawa, dont l'EI a annoncé l'exécution il y a une semaine.

Hier, le premier ministre japonais Shinzo Abe, avait assuré que tous les efforts étaient déployés pour assurer la libération de l'otage.

L'État islamique avait menacé de tuer ses otages japonais quand Shinzo Abe a annoncé, le 17 janvier dernier, le versement de 200 millions de dollars d'assistance non militaire aux pays luttant contre le groupe djihadiste.

Condamnation internationale

Le Canada, les États-Unis, la France et la Grande-Bretagne ont condamné le meurtre du journaliste japonais.

Dans un message sur Twitter, le premier ministre Stephen Harper a déclaré que le Canada déplorait l'exécution de Kenji Goto. « Nous lutterons sans cesse contre l'EI avec nos alliés et sommes de tout cœur avec le Japon », écrit-il.

Les présidents américain et français se sont engagés à tout faire pour mettre à mal l'organisation fondamentaliste sunnite.

Barack Obama a qualifié la décapitation de Kenji Goto de « meurtre odieux ». « Ensemble avec une large coalition d'alliés et de partenaires, les États-Unis continueront à mener une action résolue pour affaiblir et finalement détruire l'EI », a ajouté Barack Obama.

François Hollande a « condamné avec la plus grande fermeté le meurtre brutal du citoyen japonais Kenji Goto » parle groupe armé État islamique », lit-on dans un communiqué de l'Élysée.

« La France est solidaire du Japon dans cette nouvelleépreuve. Nos deux pays amis continueront de travailler ensemble pour la paix au Moyen-Orient et pour éliminer les groupes terroristes », écrit encore le président français.

Le premier ministre britannique affirme que cet acte constitue un « rappel de plus que l'EI est l'incarnation du mal, sans égard pour la vie humaine ». David Cameron ajoute que le Japon a raison de ne pas s'incliner devant le terrorisme.

Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon condamne lui aussi dans « les termes les plus forts le meurtre de Kenji Goto » et présente ses plus sincères condoléances à la famille du journaliste, ainsi qu'à tous les Japonais.

« Sa mort souligne la violence avec laquelle trop de personnes ont été l'objet en Irak et en Syrie », peut-on lire dans le communiqué transmis par son porte-parole. Ban Ki-moon appelle une nouvelle fois à la libération inconditionnelle de tous les otages détenus par l'État islamique et par d'autres.

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