Rencontre Harper-Merkel : le résumé de Manon Globensky
Après une fin de semaine qualifiée de dernière chance pour trouver une solution au conflit en Ukraine, Angela Merkel a poursuivi ses efforts diplomatiques en visitant ses homologues américains et canadiens. Mais contrairement à la chancelière allemande, le premier ministre Stephen Harper étudie l'idée d'envoyer des armes à Kiev.
« Pour nous, on considère toujours toutes nos options », confirme-t-il. S'il reconnaît les tentatives de Mme Merkel et du président français François Hollande d'en arriver à une solution diplomatique, il rappelle que le président russe Vladimir Poutine a jusqu'à maintenant décidé d'utiliser des « moyens violents et militaires ». « Ça, c'est la réalité », souligne-t-il, ajoutant qu'il ne va « jamais reconnaître une occupation illégale de ce pays (l'Ukraine) par les Russes ».
« Nous continuerons à travailler des façons de résoudre cette situation de façon aussi pacifique que possible. Je voudrais que Vladimir Poutine ait la même volonté. » — Stephen Harper
Merkel persiste
Au cours des dernières semaines, Angela Merkel a multiplié les efforts afin de trouver une solution diplomatique à ce conflit. Vendredi dernier, elle s'est rendue à Moscou avec François Hollande afin de négocier avec Vladimir Poutine une sortie de crise pacifique, des négociations qui se sont poursuivies au cours de la fin de semaine avec le vice-président américain et le président ukrainien.
Aux côtés de son homologue canadien, elle a réitéré lundi ses intentions pacifiques, tout en répétant son désaccord avec l'idée d'envoyer des armes aux forces ukrainiennes, une option étudiée par les conseillers du président américain Barack Obama.
« J'espère que nous allons pouvoir résoudre le conflit par les moyens diplomatiques. De toute façon, nous ne pouvons résoudre ce problème de façon militaire. » — Angela Merkel
Mercredi, une rencontre est prévue entre les dirigeants ukrainien, allemand, français et russe.
« Au cours des prochains jours, nous allons voir si nous aurons des progrès, c'est très incertain », admet Angela Merkel. Dans le cas contraire, elle affirme qu'il faudra « réfléchir à la situation » et continuer d'agir de façon concertée.
Entrevue avec Dominique Arel et Charles-Philippe David
Danger d'embrasement, danger de précédent
Selon le titulaire de la Chaire Raoul-Dandurand et spécialiste de la politique américaine, Charles-Philippe David, il est difficile de croire que Stephen Harper croit vraiment aux chances de la diplomatie.
Même si cette voie échouait, le titulaire de la Chaire d'études ukrainiennes, Dominique Arel, rappelle que l'Allemagne a toujours dans sa poche la carte économique.
« Les sanctions, de toute évidence à court terme, n'ont pas infléchi les positions de Vladimir Poutine, mais on pourrait passer à un autre niveau de sanctions et ça ne pourra pas se faire sans l'aval de l'Allemagne », confirme-t-il. Sans compter que la Russie est déjà en « quasi-récession », selon M. David. « La Russie s'en sort, mais à quel prix? », demande-t-il.
De leur côté, les pays occidentaux sont aussi dans l'impasse.
« Le grand danger, si les États-Unis décident d'aller vers la solution militaire, c'est le danger de l'escalade, l'embrasement de l'Europe. » — Dominique Arel
En contrepartie, si l'Occident laisse aller, c'est bien le danger de créer un « précédent » qui s'installe, croient les deux spécialistes.
Angela Merkel et Stephen Harper ont souligné avoir récemment adopté des législations plus serrées afin de lutter contre le terrorisme. Réunis dans la coalition militaire formée d'une quinzaine de pays pour combattre le groupe armé État islamique, ils collaborent également sur le terrain en Irak contre l'EI.
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