Manifestation contre l'impunité policière à New York

Le reportage de Christian Latreille

Pour une deuxième nuit consécutive, des centaines de personnes sont sorties dans les rues de New York pour protester contre la décision d'un grand jury de ne pas poursuivre un policier blanc responsable de la mort d'un père de famille noir, Eric Garner.

« La vie des Noirs compte », « Le racisme tue », ou encore « Ferguson est partout », peut-on lire sur les pancartes des manifestants qui se sont massés à Foley Square, dans le sud de Manhattan, près de la mairie et du quartier général de la police de New York.

Pour l'heure, on ne signale aucun débordement. La manifestation de mercredi s'est également déroulée sans incident majeur, mais 83 personnes ont été arrêtées.

« Ce type (Garner) les a suppliés (les policiers) de rester en vie et ils n'ont rien fait. Ce fut la même chose avec mon fils il y a 20 ans », a lancé Margarita Rosario, dont le fils de 18 ans et le neveu ont été tués par la police en 1995.

Selon elle, « rien ne changera ici tant que les gens ne réagiront pas comme à Ferguson », où des émeutes ont suivi l'annonce du refus d'un grand jury de poursuivre le policier blanc qui a abattu le jeune Noir Michael Brown.

Les médias américains rapportent d'autres manifestations à Chicago, Boston, Baltimore et à Washington, où une centaine de personnes ont bloqué une intersection à un rond-point près de la Maison-Blanche.

Enquête fédérale

Eric Garner est mort le 17 juillet dernier lors d'une intervention policière, qui a été filmée et diffusée sur Internet. L'homme de 43 ans, obèse et asthmatique, était soupçonné de revendre des cigarettes. Il a été plaqué au sol par plusieurs policiers. On l'entend clairement dire au policier qui l'étrangle qu'il ne parvient plus à respirer. Il a par la suite perdu connaissance et a été évacué à l'hôpital, où son décès a été constaté.

Le ministre américain de la Justice, Eric Holder, a promis jeudi l'ouverture d'une enquête fédérale sur une éventuelle violation des droits civiques d'Eric Garner. Il a indiqué que « des poursuites seraient engagées », si nécessaire.

Le policier en cause va également faire l'objet d'une enquête interne par la police de New York, dont la formation sera révisée, a annoncé jeudi le maire Bill de Blasio.

L'affaire d'Eric Garner n'est pas sans rappeler celle de Ferguson, où le jeune Noir Michael Brown a été abattu par un policier. Là aussi, un grand jury avait décidé de ne pas poursuivre le policier blanc, ce qui a provoqué des émeutes et des protestations contre l'usage excessif de la force policière dans certains cas.

L'ONU s'en mêle

Signe que ces événements sont préoccupants, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a demandé aux États-Unis de s'assurer que leurs policiers répondent davantage de leurs actes.

« Cette affaire [d'Eric Garner] pose une nouvelle fois la question de la responsabilité des membres des forces de l'ordre », a souligné le porte-parole de l'ONU Stéphane Dujarric.

Ban Ki-moon a aussi appelé les manifestants à s'exprimer dans le calme et les autorités à respecter la liberté de manifester.

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