Le reportage d'Emmanuelle Latraverse
Le couple de Canadiens détenus par les autorités chinoises pourrait avoir été incarcéré pour des motifs religieux. Les deux individus se portent par ailleurs bien, a assuré mercredi un de leur fils.
Pékin soupçonne Kevin et Julia Garratt d'avoir recueilli et volé du matériel lié à des cibles militaires chinoises et à d'importants programmes de recherche scientifique relatifs à la défense.
De passage à Hong Kong mercredi, le ministre canadien des Affaires étrangères a plutôt fait référence à la liberté de religion lorsqu'il a été interrogé sur leur sujet. « Célébrer la liberté de religion et promouvoir la liberté de religion est devenu un pilier de notre politique étrangère. Des personnes de confession différente devraient pouvoir vivre ensemble dans la paix et l'harmonie », s'est-il contenté de déclarer.
Dans leur domicile en Chine, M. et Mme Garratt offraient un service religieux tous les dimanches. Sur une pile de romans dans leur café de Dandong, le Peter's Coffee Shop, il y avait habituellement toujours une bible. Tous ces livres ne se trouvaient cependant plus dans le café mardi; ils auraient été saisis par les autorités.
Avec l'aide financière généreuse d'une église de Colombie-Britannique, le couple a contribué à la formation religieuse de plusieurs fidèles nord-coréens, en plus de faire parvenir des denrées dans ce pays pendant plusieurs années. Les Garratt s'y sont d'ailleurs rendus au mois de juin. Bien conscients de la méfiance des autorités nord-coréennes envers toute religion, ils se sont tenus de tout prosélytisme, a affirmé leur fils Peter au Globe and Mail.
Les activités religieuses de même que les œuvres caritatives du couple en Corée du Nord ne datent pas d'hier. Si elles dérangeaient les autorités, Peter Garratt se demande pourquoi elles auraient motivé une arrestation cette semaine.
« Mes parents vont bien »
Détenus sous haute surveillance dans une chambre d'hôtel, M. et Mme Garratt, qui vivent en Chine depuis 1984, ont eu droit à la visite de représentants de l'ambassade canadienne mercredi, de quoi rassurer leurs proches sur leurs conditions de détention.
« Mes parents vont bien, ils sont bien traités », a assuré le fils de la famille, Peter Garret. « Ma mère croit que les autorités auront la sagesse de voir la vérité », a-t-il ajouté.
Le gouvernement canadien préfère jouer la carte de la discrétion dans ce dossier qui risque de se régler derrière des portes closes. Une stratégie qui sera payante, pense le directeur de l'Institut chinois de l'Université d'Alberta, Gordon Houlen.
Au Nouveau Parti démocratique, on s'inquiète des tensions qui s'imposent à nouveau entre le Canada et la Chine. « Si [ce dossier] est mal géré, il y a un risque que ça vienne envenimer nos relations avec la Chine », a déclaré la porte-parole du NPD en matière d'affaires étrangères, Hélène Laverdière. « J'ai l'impression que sur le dossier de la Chine, on a un gouvernement qui ne sait pas vraiment où il va. »
Ottawa doit jouer l'équilibre entre la liberté du couple Garrat et la volonté de maintenir de bonnes relations la Chine, où le premier ministre Harper doit se rendre dans quelques mois pour un important sommet des pays de l'Asie Pacifique.
Avec les informations d'Emmanuelle Latraverse
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