Le reportage de Catherine Kovacs
Le ministre québécois de la Santé, Gaétan Barrette, assure que « des gestes seront posés à tous les niveaux » à la suite de la controverse entourant la prime versée au ministre Yves Bolduc. Adoptant un ton plus modéré qu'au cours des derniers jours, il emboîte ainsi le pas à son chef, Philippe Couillard, qui lançait plus tôt un appel au calme.
Le ministre dit comprendre « le sentiment de déception de la part de la population ».
Invité de l'émission 24/60, il a admis avoir parlé sur un ton virulent mercredi en répondant aux critiques des députés de l'opposition et du père de l'assurance maladie, Claude Castonguay.
« C'est vrai, j'ai été intempestif », reconnaît-il avant d'ajouter : « Aujourd'hui, je pense qu'on tourne la page ».
Toutefois, M. Barrette nie catégoriquement avoir été rappelé à l'ordre par le premier ministre. Ses déclarations de la veille constituaient une réaction à chaud aux propos formulés par les détracteurs de M. Bolduc quelques heures plus tôt, ce qui expliquait le ton vindicatif qu'il avait adopté, dit-il.
« Ça ne veut pas dire que deux jours plus tard on doit continuer sur ce ton-là. » — Le ministre de la Santé, Gaétan Barrette
Plus tôt jeudi, le premier ministre Philippe Couillard lançait un appel au calme. « Il faut baisser le ton de tous les côtés. Ça s'égare de tous les côtés », a-t-il dit lors d'une conférence de presse pour le lancement de la construction d'une mine de diamants dans le Grand Nord.
Rappelons qu'Yves Bolduc, alors qu'il était député dans l'opposition, a reçu une prime de 215 000 $ pour prendre en charge quelque 1500 patients. Il les a toutefois abandonnés dès qu'il est redevenu ministre, au lendemain de la victoire des libéraux aux dernières élections.
Yves Bolduc aurait dû être « prudent »
M. Couillard a tenu à préciser jeudi qu'il est « pleinement conscient de l'inquiétude et même de la perplexité des citoyens devant cette situation ». Il a précisé que M. Bolduc aurait dû être plus prudent avant de prendre de nouveaux patients, alors que tous les signes laissaient croire à des élections imminentes.
Toutefois, il ajoute qu'il s'agit d'une « situation spécifique [...] qui va se régler par un remboursement de sa part ».
Le ministre Bolduc s'attend à rembourser entre 40 000 $ et 60 000 $ à la Régie d'assurance maladie du Québec (RAMQ), qui étudie son dossier en priorité.
Philippe Couillard a indiqué qu'il sera nécessaire de débattre du mode de rémunération des médecins. Avant lui, le ministre Barrette a déjà indiqué qu'il envisageait de revoir les critères du programme de primes pour les médecins de famille.
« Quand j'ai fait ma remarque sur la politesse, ça s'adressait à tous ceux qui sont intervenus dans le dossier au cours des derniers jours. Je veux être bien clair là-dessus. » — Philippe Couillard
Entrevue avec le ministre de la Santé du Québec, Gaétan Barrette
La politesse doit être de mise, rappelle Couillard
La controverse ayant pris une tournure virulente au cours des derniers jours entre détracteurs et défenseurs de M. Bolduc, le premier ministre a tenu à rappeler à l'ordre ses ministres Gaétan Barrette et Yves Bolduc et demandé à tous de revenir à la politesse et à la civilité.
La semaine dernière, Philippe Couillard avait qualifié cette controverse « de grosse tempête dans un petit verre d'eau ». Mais jeudi, il a admis qu'il ne choisirait pas les mêmes mots.
Cette semaine, les députés de l'opposition ainsi que le père de l'assurance maladie, Claude Castonguay, ont réclamé qu'Yves Bolduc rembourse sa prime et démissionne. M. Castonguay a jugé que le ministre Bolduc a profité du système et qu'il n'est plus digne d'être ministre.
Pour sa part, le ministre Barrette a vivement défendu le ministre Bolduc, ajoutant qu'il n'est coupable que d'avoir travaillé très fort. Il a également déclaré que les jeunes médecins étaient moins portés à travailler de longues heures, soulevant l'ire de la Fédération des médecins résidents du Québec.
M. Barrette a en outre invité M. Castonguay à prendre sa retraite après sa sortie médiatique. Ce dernier a ensuite qualifié le ministre Barrette de « grossier personnage ».
Pour sa part, le Réseau FADOQ, qui défend les intérêts des personnes âgées, a dénoncé les propos du ministre Barrette. « Quand on dit que, dans notre société, il y a de l'âgisme, là on en a une preuve flagrante, a indiqué son directeur général, Danis Prud'homme. C'est comme si quelqu'un à la retraite était un citoyen de deuxième classe. C'est comme si, parce qu'on est à la retraite, on ne sert plus à rien, on ne suit plus l'actualité et on n'est plus la saveur du moment. »
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