L'Ukraine devra payer à l'avance chaque livraison de gaz, a indiqué lundi la Russie devant l'incapacité de Kiev d'honorer sa dette envers Gazprom avant la date butoir, qui était fixée à ce matin.
« Aujourd'hui, à partir de 10h, heure de Moscou, Gazprom, en vertu du contrat en vigueur, a passé Naftogaz (la société d'État ukrainienne de gaz et de pétrole) à un système de prépaiement pour les livraisons de gaz », a indiqué la compagnie russe. « Aucun paiement pour juin n'a été effectué. À partir de ce jour, la société ukrainienne ne reçoit plus que les volumes qu'elle aura payés. »
Le porte-parole de Gazprom, Sergueï Kouprianov, a confirmé que la compagnie russe avait aussitôt décidé de limiter les volumes de ses livraisons à l'Ukraine. Gazprom n'est plus tenu « légalement » de fournir le voisin ukrainien puisqu'il est en défaut de paiement, a-t-il ajouté.
Le président de Gazprom et le président russe Vladimir Poutine doivent se rencontrer lundi pour discuter des mesures à prendre.
Depuis plusieurs semaines, la Russie menaçait l'Ukraine de lui couper l'alimentation en gaz si elle échouait à rembourser une partie de sa dette, qui correspond à 1,95 milliard de dollars.
Dispute sur deux fronts
Des responsables russes et ukrainiens ont négocié toute la fin de semaine pour en venir à une entente. Dimanche soir, les parties n'avaient toujours pas réglé leurs différends, qui concernent à la fois la dette de l'Ukraine envers Gazprom et le coût imposé à Kiev.
L'Ukraine réclamait une révision de l'accord qui l'oblige depuis avril à acheter un volume déterminé de gaz à 485 dollars pour 1000 mètres cubes, soit le prix le plus élevé acquitté par un client européen. Avant les manifestations qui ont chassé l'ancien président Viktor Ianoukovitch, l'Ukraine payait 268 dollars pour 1000 mètres cubes.
Moscou avait consenti à baisser ce prix de 100 dollars alors qu'à Kiev, on se disait prêt à accepter le prix de 326 dollars proposé par la Commission européenne, qui sert de médiatrice dans les discussions.
L'Europe dans la mire
En ce moment, environ 15 % du gaz consommé en Europe provient de la Russie et transite par l'Ukraine, ce qui met donc également en péril l'approvisionnement de plusieurs pays. La Commission européenne avait été avertie de cette éventualité tôt lundi.
Toutefois, Gazprom a promis de poursuivre les livraisons destinées à l'Europe dans leur totalité. Pour se faire, Naftogaz doit s'engager à faire transiter le gaz sans embûche, a ajouté M. Kouprianov.
Le groupe Gazprom a annoncé lundi avoir saisi une cour d'arbitrage international pour obtenir le remboursement total de la dette de l'Ukraine, qui s'élève à 4,5 milliards de dollars.
Les négociations se déroulaient dans un climat de fortes tensions entre les deux pays, davantage encore aprèsl'attaque d'un avion militaire ukrainien par des rebelles prorusses, samedi matin, qui a fait 49 morts, et la sortie anti-Poutine du ministre ukrainien des Affaires étrangères, dimanche, lors d'une manifestation devant l'ambassade russe à Kiev.
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