La mission canadienne en Afghanistan aura duré plus de 12 ans : au moins 12 milliards de dollars y ont été consacrés, 40 000 militaires ont foulé le sol afghan, 158 familles y ont perdu un proche, sans compter les milliers de blessés et les traumatismes causés par la lutte contre les talibans. Depuis mars, tout est officiellement terminé. Mais une question reste sans réponse claire : peut-on dire mission accomplie?
Pour l'ancien soldat Martin Forgues, la réponse est non. Il a quitté les forces armées en décembre 2010, et depuis, il a publié l'ouvrage L'Afghanicide : cette guerre qu'on ne voulait pas gagner.
À son avis, le Canada a quitté l'Afghanistan « avant d'avoir terminé le travail ». S'il reconnaît qu'il y a eu des progrès sur le terrain, il remet en question leurs viabilités.
Entrevue avec Martin Forgues
Le militaire Simon Mailloux, qui a perdu une jambe en Afghanistan, croit au contraire que l'armée canadienne a fait « une grande différence ».
« C'est sûr qu'on aurait pu en faire plus, qu'on aurait pu mettre d'autres bases, mais il faut couper un moment donné et laisser les Afghans se prendre en charge, dit-il. Ce ne sera jamais parfait, mais on leur a donné un élan, une chance, une bonne base, c'est à eux de faire des choix maintenant. »
Entrevue avec Simon Mailloux
Le caporal Patrick Kègle, qui est allé deux fois en Afghanistan, reconnaissait lui-même en 2009 que la mission de restaurer la démocratie et d'apporter la liberté et la paix était pratiquement impossible. « Mais l'être humain qui était sur le terrain a fait de son mieux, alors pour moi, c'est mission accomplie », dit celui qui depuis a publié En terrain miné qui rassemble les correspondances qu'il a eues durant ses missions en Afghanistan avec Roxanne Bouchard, une antimilitariste.
Garde-t-il espoir pour la suite? « J'ai confiance qu'on a semé une graine, peut-être un peu de démocratie, un peu de paix et peut-être un jour si les talibans continuent - parce que le terrorisme est dur à combattre - vont-ils prendre les armes et diront que c'est assez. Mais au moins on leur aura donné un semblant de vie », croit-il.
Entrevue avec Patrick Kègle
ICI.Radio-Canada.ca et ICI RDI diffuseront en direct les événements organisés à l'occasion de la Journée nationale de commémoration pour marquer la mission en Afghanistan vendredi. À partir de 12 h 15, Simon Durivage suivra les événements en compagnie du lieutenant-colonel à la retraite Gilles Paradis et du journaliste Frédéric Nicoloff, qui s'est rendu à plusieurs reprises en Afghanistan.
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