Le reportage de Sophie Langlois
Le parti de Robert Mugabe, le président sortant du Zimbabwe, affirme remporter largement l'élection de mercredi. Le Zanu-PF annonce avoir « enterré » le Mouvement pour le changement démocratique (MDC) de Morgan Tsvangirai.
Une source au sein du parti a déclaré à Reuters que la formation de Mugabe n'avait jamais eu de doutes sur sa victoire.
Hier, la police du Zimbabwe a menacé de réprimer toute tentative de divulguer les résultats préliminaires de l'élection avant la commission électorale. Les premiers résultats sont attendus lundi. Un deuxième tour doit être organisé le 11 septembre si aucun des candidats n'obtient 50 % des voix.
Observateurs satisfaits
Les électeurs se pressaient aux urnes mercredi, dans le cadre du troisième scrutin présidentiel opposant Robert Mugabe à son premier ministre, Morgan Tsvangirai.
La présidente de la Commission électorale a fait état d'« une forte participation générale, dans tous les bureaux de vote ».
Pour Olusegun Obasanjo, qui dirige l'équipe d'observateurs de l'Union africaine (UA), les élections ont été « pacifiques, ordonnées, libres et honnêtes ».
Il faut dire que le président Mugabe a déployé sur le terrain des milliers de policiers et militaires afin de prévenir tout signe de violence, notamment dans certains townships de Harare, véritables bastions de l'opposition.
« Irrégularités »
Le parti de Morgan Tsvangirai a dénoncé des irrégularités dans les listes électorales, qui ont été publiées à moins de 24 heures du vote, et qui n'ont donc pas pu être vérifiées. Selon l'opposition, deux millions d'électeurs bien vivants auraient en plus été « oubliés ».
Une précédente version de ces listes contenait les noms d'un million de personnes étant en fait décédées ou ayant quitté le pays, selon Amnistie Internationale et l'International Crisis Group.
L'économie, principal enjeu du scrutin
L'économie est sans contredit le grand enjeu de cette élection. Selon certaines estimations, jusqu'à 85 % de la population serait au chômage, une situation qui explique pourquoi tant de Zimbabwéens ont trouvé refuge en Afrique du Sud au cours des dernières années.
Une victoire de Morgan Tsvangirai pourrait ouvrir la voie à une levée des sanctions que plusieurs pays occidentaux ont adoptées pour faire pression sur le régime de Robert Mugabe.
Tsvangirai souhaite mettre un terme à l'isolement du pays et encourager les investissements étrangers, tandis que le parti de Robert Mugabe mise plutôt sur l'expropriation d'entreprises étrangères.
Éviter le fiasco de 2008
Quelque 6,4 millions d'électeurs ont droit de vote dans ce pays d'environ 13 millions d'habitants à l'économie moribonde, malgré quelques progrès depuis le scrutin de 2008.
Cette élection avait été marquée par des violences, ce qui avait incité M. Tsvangirai, vainqueur du premier tour, à ne pas briguer les suffrages pour le second. Une médiation menée par l'Afrique du Sud s'est traduite quelques mois plus tard par la création d'un gouvernement de cohabitation.
La légitimité du scrutin reste incertaine, étant donné que les exercices du genre ont été entachés d'irrégularités.
Population : 13,2 millions d'habitants (2013)
Âge médian : 19,5 ans
Espérance de vie : 54 ans
Taux d'alphabétisation : 87 % pour les femmes et 94 % pour les hommes
Taux de chômage officiel et sous-emploi : 95 % (2009)
PIB per capita : 600 $US
Sida : 14,3 % des 15 à 49 ans sont porteurs du VIH (2009)
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