Le 3 % n'a jamais existé, ditTrépanier

Written By Unknown on Kamis, 28 Maret 2013 | 16.20

Bernard Trépanier reconnaît avoir récolté d'importants montant d'argents auprès de firmes de génie au profit d'Union Montréal. Il soutient cependant que ces sommes n'ont pas été versées dans le cadre d'un système de collusion, mais constituaient du financement sectoriel. Le partage de contrats entre firmes, qui a bel et bien existé, n'impliquait aucune ristourne de 3 % et son rôle, dit-il, y fut mineur.

L'ex-directeur du financement du parti, surnommé pour la première fois « Monsieur 3 % » par l'ex-numéro 2 de Vision Montréal Benoît Labonté en 2009, reconnaît par exemple avoir déjà exigé 200 000 $ des firmes de génie-conseil Dessau et SNC-Lavalin, et 100 000 $ ou 50 000 $ à d'autres firmes de plus petite taille, à l'occasion des élections municipales de 2005.

Les paiements demandés devaient être répartis sur quatre ans, entre 2005 et 2009, a expliqué le témoin au procureur en chef adjoint, Denis Gallant, avant de préciser que ces sommes servaient à payer des billets pour des activités de financement organisées par le parti du maire de l'époque, Gérald Tremblay. Il concède qu'une certaine partie de ces sommes a pu être versée en argent comptant.

Bernard Trépanier dément cependant avoir jamais demandé une ristourne de 3 % dans le cadre d'un système de partage de contrats publics ou encore avoir reçu 200 000 $ de François Perreault de Genivar et 100 000 $ de Michel Lalonde de Génius, comme l'ont déclaré ces derniers. Il parle plutôt de 50 000 $ pour M. Lalonde.

Et s'il reconnaît aussi avoir déjà reçu 40 000 $ en argent comptant de la part d'un vice-président de SNC-Lavalin, il assure ne pas avoir demandé à Yves Cadotte, comme ce dernier l'a affirmé, de régler une facture de la firme Morrow Communications à Union Montréal. Il admet cependant que ce dernier a abordé le sujet avec lui.

M. Trépanier soutient finalement qu'il n'a jamais demandé d'argent aux firmes de génie pour obtenir des contrats à Montréal ou participé à un système de collusion, avec ou sans l'ancien président du comité exécutif Frank Zampino. Il ajustait tout au plus, a-t-il confié, le nombre de billets d'événements du parti demandés aux firmes de génie ou aux entrepreneurs en fonction des contrats obtenus par celles-ci au cours des dernières années.

De toute façon, affirme-t-il, les « amis du parti » raflaient déjà l'essentiel des contrats lorsqu'il est devenu directeur du financement d'Union Montréal.

Bernard Trépanier n'a pas manqué d'écorcher l'ingénieur Michel Lalonde, qui l'avait mis sur la sellette en tant que premier représentant d'une firme à dénoncer à la commission le système de financement occulte que M. Trépanier aurait mis en place, avec l'appui de Frank Zampino. « M. Lalonde a été un menteur dans la déclaration qu'il a faite contre moi », a-t-il dit.

Le procureur Gallant n'a pas manqué pour sa part de souligner qu'il serait étonnant que les dirigeants de firmes de génie qui ont démissionné au cours des derniers jours (Rosaire Sauriol de Dessau et Pierre Lavallée de BPR, NDLR) l'aient fait uniquement parce qu'ils avaient acheté des billets pour des cocktails de financement.

« "Vous êtes ce que j'appelle, moi, un middleman : est-ce que je peux vous qualifier comme ça?" "Peut-être." "Et plus tard, je vais vous demander si vous étiez le bagman aussi : j'imagine que oui?" "Bagman, c'est un gros mot, non." » — Échange entre le procureur Gallant et Bernard Trépanier

Une mystérieuse rencontre au restaurant Calvi de Laval

Bernard Trépanier a été longuement interrogé par le procureur Gallant sur le système de partage des contrats entre firmes de génie à la Ville de Montréal. Les réponses du témoin, contradictoires, portaient à confusion, et ont donné beaucoup de fil à retordre au procureur et à la commissaire Charbonneau.

Le témoin a laborieusement expliqué qu'il avait tenté, après son arrivée à Union Montréal, d'assurer une répartition des contrats entre firmes de génie, en proposant des consortiums susceptibles de répondre aux appels d'offres de la Ville. Mais il assure que la lutte entre ces consortiums était légitime. Ce sont les devis qui exigeaient la création de consortiums, a-t-il précisé.

« Au début, j'ai essayé seul. Ça paraissait ridicule un petit peu. Alors, Michel Lalonde, dans sa grande humilité, est venu me voir et m'a dit : "Bernard, tu ne peux pas mettre [...] un gars qui est spécialisé dans les égouts dans telle affaire. Mets-les donc comme ça, comme ça, comme ça''. »

« Ça donnait la satisfaction d'avoir retourné l'ascenseur à ceux qui nous ont aidés. » — Bernard Trépanier

Bernard Trépanier raconte d'ailleurs qu'à la fin de 2005, Michel Lalonde de Génius et Rosaire Sauriol de Dessau l'ont convoqué au restaurant Calvi de Laval. Ils lui auraient dit : « À partir de là, tu ne t'occupes plus [...] de rien au niveau des ingénieurs. Les gars ont mis assez d'argent et il n'y a rien qui a fonctionné. [...] Pose pas de question d'où ça vient, parce que ça pourrait te faire mal. [...] On va contrôler le marché des ingénieurs ».

La commissaire Charbonneau a alors noté qu'il devait bien faire quelque chose pour qu'on lui demande d'arrêter. « Je ne faisais rien », a dans un premier temps répondu le témoin.

« Ceux qui ont contribué au parti s'attendent à un retour, alors il y avait un retour, il y avait des appels d'offres qui sortaient. » — Bernard Trépanier

Lorsque le procureur Gallant lui a demandé si cela prouvait qu'il y avait bien eu un système de répartition de contrats, le témoin a répondu : « En 2004 et 2005, il n'y avait rien, ou presque, de contrats qui ont été donnés. Ce que j'ai essayé, moi, c'est faire une répartition juste et équitable pour tout le monde et de dire : "Coudonc, va sur celui-là et battez-vous. Il y a quatre firmes invitées, battez-vous. Allez-y toutes les quatre et que le meilleur gagne''. »

« Donc, on va aider vraiment, on va donner des contrats à ceux qui contribuent à Union Montréal, exact? » lui a demandé le procureur Gallant. « Oui », a répondu le témoin. « Mais qu'est-ce que cela vous donnait? » a poursuivi le procureur.

« Si je comprends bien, c'était comme ça, à l'époque : les amis du parti avaient des contrats? Ben oui, je pense que c'est un peu dans tous les partis. » — Échange entre la commissaire Charbonneau et Bernard Trépanier

Trépanier renvoyé par Tremblay en personne

Bernard Trépanier a confirmé qu'il a été remercié pour son travail de directeur du financement d'Union Montréal en février 2006 par le maire Gérald Tremblay lui-même.

« Bernard, faut pas l'ébruiter, mais je coupe au parti et j'abolis le poste de directeur du financement », lui aurait alors dit le maire en tête à tête.

Il confirme qu'on lui a offert 25 000 $ et quatre mois de salaire.

Le maire, dit-il, ne m'a pas donné de raison. « Il m'a dit : ­''On se reverra'' ».

Mais le maire lui aurait dit par la suite que le problème de sa proximité avec Frank Zampino avait bel et bien été évoqué.

Bernard Trépanier a aussi confirmé que des rumeurs ont circulé au sujet d'un pot-de-vin de 1 million de dollars qui lui aurait été demandé dans le cadre d'un projet de centre d'achats du promoteur First Pro/Smart Centre. Il assure n'avoir jamais rien demandé de tel.

L'ex-argentier d'Union Montréal soutient que cette rumeur est apparue peu après qu'il eut rencontré un représentant de First Pro/Smart Centre, John Gardiano, à la demande du conseiller municipal de Villeray-Saint-Michel, Frank Venneri.

Un impressionnant réseau de contacts : Zampino, Marcil...

Le procureur Gallant a par ailleurs passé une bonne partie de la journée à démontrer l'importance du réseau de contacts de Bernard Trépanier. À l'aide de registres téléphoniques, notamment, il a établi à quel point il parlait souvent au président du comité exécutif Frank Zampino, au directeur de la réalisation des travaux Robert Marcil, et à différents dirigeants de firmes de génie-conseil ou d'entreprises de construction.

Il a ainsi montré que Bernard Trépanier avait parlé plus de 1800 fois avec Frank Zampino entre janvier 2005 et janvier 2011, pour une moyenne de 300 appels par année. L'agenda électronique de l'ex-président du comité exécutif montre en outre que les deux hommes se rencontraient souvent, que ce soit au bureau de M. Zampino à l'hôtel de ville, à sa résidence ou au restaurant.

L'agenda électronique de Frank Zampino a aussi permis d'apprendre que Bernard Trépanier s'est rendu deux fois en Floride avec son ami, en novembre et en décembre 2007. Le témoin a dit qu'il était possible qu'il ait déjà séjourné avec lui, mais que M. Zampino n'était certainement pas venu chez lui.

Malgré toutes ces rencontres, Bernard Trépanier affirme qu'il n'a jamais discuté de financement politique avec lui, et qu'il ne l'a jamais informé que les firmes de génie-conseil se partageaient les contrats de la Ville de Montréal.

L'agenda de M. Zampino a aussi montré que Bernard Trépanier, Robert Marcil et lui se sont rencontrés dans un restaurant Pacini le 19 février 2008. Le témoin avait précédemment dit n'avoir aucun souvenir d'avoir rencontré ses deux interlocuteurs en même temps. Il n'a cependant pu expliquer pourquoi un responsable du financement, même officieux, mangeait au restaurant avec le président du comité exécutif de la Ville et le grand patron des travaux publics.

Un autre registre téléphonique montre que Bernard Trépanier a aussi parlé à Robert Marcil 195 fois entre janvier 2006 et juillet 2009. Le témoin a expliqué qu'il voulait « savoir s'il y avait des projets à venir, ou des résultats de projets qui étaient sortis », et ce, même après qu'il eut officiellement quitté son poste de directeur du financement.
« C'est moi qui voulait me tenir au courant », a-t-il fait valoir, tout en admettant qu'il transmettait cette information aux firmes de génie-conseil .

Il a démenti avoir payé Robert Marcil pour ces renseignements, mais a dit ne pas savoir si les firmes de génie pouvaient le faire. Il assure n'avoir jamais su que Robert Marcil avait lui-même siégé à des comités de sélection.

Le procureur Gallant a cependant noté que Bernard Trépanier parlait à Robert Marcil, Frank Zampino, Michel Lalonde ou Rosaire Sauriol à toutes les fois que Robert Marcil siégeait à un comité de sélection, que ce soit le jour-même, la veille ou le lendemain. Il a annoncé que cette question sera étudiée plus en profondeur jeudi.

D'autres registres téléphoniques déposés précédemment démontrent que Bernard Trépanier entretenaient aussi des liens étroits avec Michel Lalonde (984 appels entre janvier 2005 et mai 2010), son « ami » Bernard Poulin du Groupe SM (894 appels entre janvier 2005 et janvier 2010), Normand Trudel (1820 appels entre avril 2006 et octobre 2011), Paolo Catania (1371 appels entre février 2005 et décembre 2009) et Tony Accurso (197 appels entre janvier 2005 et octobre 2010).

D'autres questions sur les activités de Bermax

La commission Charbonneau avait continué, plus tôt mercredi matin, de s'intéresser aux activités de la compagnie Bermax, fondée et dirigée par Bernard Trépanier. L'homme, retraité, qui se dit « toujours ouvert à travailler », explique avoir notamment fait du démarchage pour Inspec-Sol auprès de municipalités de la Rive-Nord.

La commission a démontré qu'il a touché 30 000 $ en 2010 de cette entreprise spécialisée en contrôle de qualité. Le procureur Gallant soutient qu'Inspect Sol l'a engagé en raison de son réseau de contacts « phénoménal » dans le monde politique municipal, notamment.

M. Trépanier a par ailleurs offert des explications alambiquées sur la somme de 45 000 $ facturée en 2007, 2008 par Bermax à la firme SM, dirigée par son « grand chum » Bernard Poulin. Il soutient qu'il a notamment, pour ce montant, aidé un ami personnel de M. Poulin, propriétaire de la firme, qui avait un problème d'alcool. Il aurait aussi, selon ses propres dires, supervisé contre rémunération la réparation d'un condo de SM en Floride.

Le procureur Gallant a aussi affirmé que Bermax a touché 12 000 $ de Louisbourg Construction en 2007 (dirigée à l'époque par Tony Accurso), mais il ne s'en souvient pas.

Mardi, la commission a révélé que M. Trépanier et sa compagnie Bermax ont obtenu 900 000 $ en honoraires de la firme Dessau entre 2002 et 2010. La firme de génie-conseil a réagi en soirée en disant qu'elle « ignorait tout de l'existence de ces paiements, de même que de la nature des services rendus ». Lire notre article sur cette controverse.

Un texte de François Messier, avec Bernard Leduc


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