WEBDIFFUSION : D'ici quelques heures, juste après la dernière messe, les 115 cardinaux électeurs ne communiqueront avec le monde que par des signaux de fumée. Ils seront enfermés dans la chapelle Sixtine, d'où ils ne ressortiront que lorsqu'ils auront élu le successeur de Benoît XVI.
La messe Pro eligendo romano pontifice (Pour l'élection du pontife romain), présidée par le doyen du collège des cardinaux, Angelo Sodano, a débuté à 5 h (HE) dans la basilique Saint-Pierre. L'événement, qui devrait durer deux heures, est ouvert au public.
Les cardinaux non-électeurs participent également à cette célébration, une dernière occasion de se recueillir et de prier avant de choisir celui qui revêtira la tunique papale.
Les 115 cardinaux ont emménagé en matinée dans la Maison Sainte-Marthe, au coeur du Vatican, où ils habiteront tant qu'ils n'auront pas élu le nouveau chef. Chacun s'est installé dans la chambre qui lui a été attribuée par tirage au sort dans la matinée du 9mars.
À 11 h 30 HE, les 115 cardinaux électeurs quitteront la maison Sainte-Marthe pour le Palais apostolique du Vatican.
Les cardinaux se réuniront pour prier dans la chapelle Pauline, avant d'entrer en procession dans la chapelle Sixtine afin de perpétuer une tradition quasi-immuable depuis 1000 ans et dont les détails sont réglés au quart de tour.
Puis, la main posée sur l'Évangile, ils prêteront serment en jurant « de garder le secret absolu sur tout ce qui concerne directement ou indirectement les votes et les scrutins pour l'élection du souverain pontife ».
Environ une demi-heure plus tard, les portes séparant la chapelle Sixtine de la Salle royale seront ensuite fermées, d'où l'origine du nom conclave.
Les prélats, qui ont tous moins de 80 ans, seront alors coupés du monde et voteront pour la première fois en après-midi. Une première fumée est prévue vers le milieu de l'après-midi et tous les bulletins seront brûlés en fin de journée pour effacer toute trace de votes.
Comment est élu un pape? Regardez notre illustration :
Noire ou blanche?
À l'exception d'aujourd'hui, où les cardinaux ne devraient voter qu'une fois, quatre scrutins sont prévus chaque jour. Il n'y aura toutefois pas de fumée après chaque scrutin, mais une le matin et une le soir, logiquement au terme des deux votes de chaque demi-journée.
Deux fois par jour, vers midi et vers 19 h (HE), une fumée émanera donc de la cheminée de la chapelle Sixtine, peinte par Michel-Ange, lieu vers lequel les yeux du monde seront rivés.
- Si la fumée est noire, c'est qu'aucun cardinal n'aura recueilli les deux tiers des votes nécessaires, car pour devenir pape, un cardinal doit récolter 77 des 115 voix exprimées.
- Si la fumée est blanche, elle sera accompagnée d'un concert de cloches de la basilique Saint-Pierre pour accueillir le successeur de Benoît XVI, premier pape en sept siècles à avoir démissionné.
Benoît XVI a officiellement quitté ses fonctions le 28 février dernier en évoquant notamment des raisons de santé.
En 2005, ce dernier avait été élu après deux jours de conclave. Mais l'affaire ne s'est pas toujours réglée aussi rapidement. En l'an 1268, l'élection du pape avait duré presque trois ans. Toutefois, depuis un siècle, aucun conclave n'a duré plus de cinq jours.
Ouellet parmi les favoris
Si certains cardinaux réclament un pape qui sera capable de réformer et de moderniser la curie romaine, d'autres prônent plutôt un pape plus charismatique, qui saura relancer le catholicisme dans le monde.
En attendant, les rumeurs et spéculations vont bon train sur celui qui deviendra le 266e chef de l'Église catholique.
Parmi les cardinaux les plus susceptibles de devenir pape, les grands favoris sont le cardinal de Milan Angelo Scola, celui de Sao Paulo Odilo Scherer et le cardinal du Québec, Marc Ouellet.
Si ce dernier est élu, la première ministre du Québec Pauline Marois a déjà indiqué qu'elle entendait se rendre à Rome.
L'archevêque de Boston, Sean O'Malley, le cardinal hongrois Peter Erdö, l'Autrichien Christoph Schönborn ou le Mexicain Francesco Robles Ortega sont aussi des choix possibles dans la mesure où aucun des trois favoris n'obtiendrait une majorité absolue des voix.
Marc Ouellet - Canada, 68 ans
Il est le préfet de la congrégation pour les évêques, une sorte de directeur du personnel du Vatican. Il a déjà déclaré que devenir pape « serait un cauchemar ». Le fort sécularisme du Québec constitue un avantage ou un désavantage, selon les experts consultés.
Gianfranco Ravasi - Italie, 70 ans
Il est le « ministre de la Culture » du Vatican depuis 2007 et il représente l'Église dans les mondes des arts, de la science et de la culture.
Leonardo Sandri - Argentine, 69 ans
Né à Buenos Aires de parents italiens, M. Sandri a été nommé cardinal en 2007. Il occupe le troisième poste au sein du Saint-Siège, soit celui de secrétaire général du Vatican. Il est toutefois dépourvu d'expérience pastorale.
Odilo Pedro Scherer - Brésil, 63 ans
L'un des plus sérieux candidats d'Amérique latine. Il est archevêque de Sao Paolo, au Brésil, le pays qui compte le plus de catholiques.
Christoph Schönborn - Autriche, 67 ans
Ancien étudiant de Benoît XVI, l'archevêque de Vienne a publié de nombreux ouvrages depuis le « catéchisme de l'Église » en 1992. Certaines prises de position prudemment réformistes et une forte opposition de la part de certains prêtres autrichiens pourraient cependant le handicaper.
Angelo Scola - Italie, 71 ans
Archevêque de Milan, il serait le favori de nombreux cardinaux italiens. Expert en bioéthique, il connaît aussi l'islam en tant que président d'une fondation pour la promotion de l'entente entre musulmans et chrétiens.
Luis Tagle - Philippines, 55 ans
Il est un proche de Benoît XVI avec qui il a travaillé au sein de la Commission théologique internationale. Il possède un certain charisme souvent comparé à celui de Jean Paul II, mais il n'est devenu cardinal que l'an dernier et sa relative jeunesse pourrait lui nuire.
Peter Turkson - Ghana, 64 ans
Il est le candidat africain le plus en vue. Il est le président du conseil pontifical « justice et paix ». Il est le porte-parole de la conscience sociale de l'Église et se dit favorable à une réforme du monde financier.
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