Luc Leclerc peine à imaginer que son supérieur n'était pas au courant

Written By Unknown on Jumat, 02 November 2012 | 16.20

L'ex-ingénieur de la Ville de Montréal Luc Leclerc a admis jeudi à la commission Charbonneau qu'il pouvait favoriser des entrepreneurs en construction grâce à la « complicité tacite » des surveillants de chantier François Thériault et Michel Paquette et de son supérieur immédiat, Gilles Vézina.

« On n'a jamais parlé ouvertement des avantages que je pouvais avoir », a dit le témoin en parlant de M. Vézina.

« Mais j'ai l'impression qu'il était... il parlait beaucoup avec les entrepreneurs lui aussi, et les entrepreneurs n'étaient pas très discrets. Alors, j'ai du mal à imaginer qu'il n'était pas au courant », a-t-il ajouté.

« Au fil des ans, il y avait des choses que je faisais qui n'étaient pas correctes, mais que je passais automatique parce que je savais que si j'en parlais à mon boss, ça allait passer », avait-il dit plus tôt en matinée.

Interrogé par la procureure Sonia Lebel, Luc Leclerc a dit que des entrepreneurs auraient effectivement eu intérêt à corrompre son patron, puisqu'il était celui qui distribuait les dossiers aux ingénieurs et aux agents techniques. Il n'a pu dire si cela s'était bel et bien produit.

Luc Leclerc a assuré qu'il n'avait jamais vu M. Vézina recevoir de l'argent directement d'un entrepreneur. Il a cependant pu confirmer qu'il assistait à des activités sociales organisées par des entrepreneurs, comme des tournois de golf ou des repas.

Il a aussi accepté des bouteilles de vin, à l'instar de celui qui est devenu le grand patron de la division de la voirie à la Ville de Montréal en 2003, Robert Marcil. À leur défense, le témoin a dit que « tout le monde » de la division acceptait ces bouteilles.

Nicolo Militio s'intéressait à Marcil

Luc Leclerc a aussi soutenu que l'entrepreneur Nicolo Milioto de Mivela Construction l'avait appelé pour s'enquérir de Robert Marcil lorsque ce dernier est devenu patron de la voirie en 2003.

À la suite de cette conversation, Leclerc dit avoir « spéculé » avec son ami Gilles Surprenant sur ce que les deux hommes pouvaient s'être dit à cette occasion. La théorie de Gilles Surprenant était « qu'il voulait nous tasser », a-t-il soutenu.

Lors de son témoignage, Gilles Surprenant, qui était en charge des plans et devis pour les canalisations, avait avancé que Luc Leclerc lui avait dit que Robert Marcil voulait lui aussi obtenir une ristourne des entrepreneurs.

Gilles Vézina et Robert Marcil devaient tous les deux signer les rapports que Luc Leclerc écrivait pour justifier les dépassements de coûts sur les chantiers.

Gilles Vézina, prochain témoinGilles Vézina sera vraisemblablement le prochain témoin entendu par la commission. Il était présent dans la salle d'audience pour assister au témoignage de Luc Leclerc.

Les audiences de la commission Charbonneau reprendront cependant le 12 novembre avec le contre-interrogatoire de Luc Leclerc.

Les avocats de la Ville de Montréal et de l'Association des constructeurs de route et grands travaux du Québec entendent notamment l'interroger.

Tous deux n'étaient cependant pas prêts à procéder jeudi, ce qui a contraint la commissaire Charbonneau à ajourner les travaux plus tôt que prévu.

De mèche avec des surveillants de chantier

M. Leclerc a aussi soutenu qu'il bénéficiait d'une « bonne complicité » des surveillants de chantier François Thériault et Michel Paquette, qui avaient tous deux été montrés du doigt par l'ex-entrepreneur en construction Lino Zambito.

Ces deux fonctionnaires ont d'ailleurs été suspendus avec solde par la Ville dans la foulée de ce témoignage.

En s'entendant avec les ingénieurs des entrepreneurs, a dit Leclerc, ces agents techniques lui permettaient de faire accepter plus facilement de faux extras. Leur collaboration rendait en outre le stratagème « difficile à détecter ».

Le témoin a d'ailleurs expliqué différents stratagèmes qui pouvaient lui permettre d'obtenir de faux extras au profit des entrepreneurs. Ces demandes avaient toujours une base réelle, a-t-il dit, puisqu'il ne pouvait pas « inventer des réclamations ».

Luc Leclerc a aussi expliqué qu'il supervisait pratiquement tous les contrats de la firme F. Catania et associés. Lorsqu'on lui a demandé pourquoi, il a répondu qu'il faudrait poser la question à ses patrons.

Selon lui, Gilles Vézina avait « de la latitude » pour confier la responsabilité de certains dossiers à des ingénieurs, mais qu'il pouvait aussi « exécuter des commandes ».

« Ça aurait été très difficile de me pincer », a ajouté l'ingénieur aujourd'hui à la retraite « Je pense que j'étais assez bon » pour favoriser les entrepreneurs.

« On était de la pâte à modeler pour les entrepreneurs qui voulaient nous corrompre. » — Luc Leclerc

L'ingénieur à la retraite a expliqué en après-midi que les entrepreneurs lui soumettaient parfois de fausses réclamations en sachant pertinemment qu'il ne les accepterait pas. « Pour me faire bien paraître, il fallait que j'en rejette, des réclamations », a-t-il expliqué Leclerc.

« Une culture d'entreprise » en vigueur au début des années 90

Luc Leclerc raconte qu'à son arrivée à la Ville de Montréal, en 1990, il a été « estomaqué » de constater le copinage entre les entrepreneurs et les employés des travaux publics.

Les entrepreneurs, a-t-il raconté, payaient la participation au tournoi de golf qui était pourtant organisé par les travaux publics. À la fin du tournoi, les entrepreneurs donnaient des cadeaux à tout le monde.

Luc Leclerc a raconté qu'à la Communauté urbaine Montréal, où il travaillait avant, son patron s'était offusqué lorsqu'un entrepreneur avait voulu agir de façon similaire.

« À la Ville, c'était complètement différent. Je me suis adapté », a commenté le témoin.

« Quand on va à Rome, on fait comme les Romains. » — Luc Leclerc

« C'est bien plus facile d'accepter la bouteille de vin que de la refuser », a-t-il ajouté, en précisant qu'il aurait été « isolé » s'il avait refusé de faire comme les autres.

« Moi, je voulais me fondre dans le groupe, alors j'ai fait comme les autres. Et ce n'était pas désagréable », a-t-il déclaré avec la candeur qu'il affiche depuis le début de son témoignage.

Luc Leclerc affirme que l'existence d'un système de collusion faisait l'objet de rumeurs persistantes depuis les années 2000. Selon lui, les entrepreneurs et les fonctionnaires parlaient ouvertement de ça, notamment lors de tournois de golf.

Il a aussi dit qu'il avait entendu parler que le clan mafieux Rizzuto recevait une part de 2 % à 2,5 % de certains contrats et qu'une autre tranche de 3 % était versée à des politiciens, mais sans pouvoir en dire davantage.

Leclerc a aussi raconté qu'à Noël, en 1990, un employé des travaux publics avait soudainement invité tous ses collègues à sortir du bureau avec lui. Rendu dehors, il a constaté qu'il y avait là un camion, qui contenait des cadeaux pour tout le monde. « C'était la culture d'entreprise », a-t-il constaté.

« À peu près tous les entrepreneurs apportaient des cadeaux de Noël » pour les surveillants de travaux et les ingénieurs, a-t-il ajouté.

On revient sur RizzutoMe Lebel est par ailleurs revenu sur les deux voyages qu'il a faits et lors desquels se trouvait le parrain présumé de la mafia Vito Rizzuto. M. Leclerc a expliqué que, la première fois, lorsqu'il a constaté que M. Rizzuto était là, il est resté, car il aurait été « déplacé » de quitter.

Lors du second voyage où M. Rizzuto était là, il a dit qu'il savait qu'il était de la partie. « On allait passer une semaine avec un excellent golfeur. »

Luc Leclerc a aussi dit qu'il avait déjà participé à quelques reprises à des événements organisés par l'Associazione Cattolica Eraclea, qui regroupe des gens issus du village natal de Nicolo Rizzuto, patriarche du clan mafieux du même nom.

De nombreux donateurs

La procureure de la commission Sonia Lebel a par ailleurs passé en revue des contrats que Leclerc a supervisés avec différentes entreprises de construction au fil du temps.

Elle a discuté avec le témoin des avantages qu'il a pu recevoir de F. Catania et associés, Garnier, Mirabeau, Soter, Infrabec, Catcan, Nord-Construction, Excavation Super, Pavages Hampstead, Mivela et Pavages CSF, Pavages ATG, Simard-Beaudry et Sintra.

Catania, Garnier, Infrabec et ATA étaient les entreprises qui donnaient les plus grosses enveloppes, a dit Luc Leclerc. Il a affirmé n'avoir jamais reçu plus de 25 00 $ pour les plus gros contrats.

Mercredi après-midi, la procureure de la commission Sonia Lebel a passé en revue des contrats que Leclerc a supervisés pour les firmes ATA, Asphalte Inter, BP Asphalte, Bentech, Conex, Canasa et DJL dans les années 2000.

Luc Leclerc a confirmé qu'il a reçu de l'argent ou d'autres avantages de toutes ces firmes.

Mercredi, l'ancien ingénieur à la Ville de Montréal a reconnu avoir reçu au moins 500 000 $ en pots-de-vin de la part d'entrepreneurs en construction.

Collègue et ami de Gilles Surprenant, Luc Leclerc a aussi reçu d'autres types de cadeaux, comme des billets de hockey, des bouteilles de vin, et s'est fait aider dans la construction de sa maison, voisine de celle de Paolo Catania.

Il affirme que la corruption touche d'autres villes au nord et dans l'ouest de Montréal. Il a remis 90 000 $ aux enquêteurs de la commission Charbonneau en espérant que cet argent reviendra à la Ville de Montréal.

Luc Leclerc n'a exprimé aucun remords et considère au contraire avoir bien servi la Ville de Montréal.

Le journaliste Françcois Messier @MessierSRC est sur place.


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